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Le système monétaire

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Le système monétaire  Empty Le système monétaire

Message  Jean le noir Jeu 23 Nov - 17:27

Le système monétaire médiéval

Le système monétaire  20220710
Mouton d'or Jean II le Bon

Au Moyen Âge, la monnaie n'est que l'une des manières de réaliser des échanges, et son usage est complexe en raison du grand nombre d'espèces en circulation.
Les pièces d'or, d'argent ou d'alliage (billon) sont cependant de plus en plus utilisées au fil du temps, notamment après le 13e siècle.
Ouvrons notre bourse et examinons son contenu...
Depuis les temps mérovingiens, de nombreuses transactions sont réglées, non en monnaie, mais en poids de métal, en travail ou en nature, par compensation voire par troc. L’évolution économique et sociale générale à partir du 11e siècle, la découverte aux 12e et 13e siècles de nouveaux gisements argentifères, les amélioration des techniques minières et métallurgiques permirent toutefois d’augmenter plus facilement la production de pièces et aboutirent à une circulation monétaire plus intense.
Ainsi, l’économie médiévale devint de plus en plus monétarisée à partir du 13e siècle, un changement matérialisé par l’apparition de multiples du denier d’argent et la reprise de frappes de monnaies d’or.
La monnaie et surtout l’usage de la monnaie se diffusèrent plus largement et plus profondément dans la société qu’auparavant.

Un système tri-métallique

Au 14e siècle les différents types d’espèces en circulation se diversifient au point de constituer, à la suite de mutations, un système monétaire tri-métallique : aux traditionnelles pièces d’or et de bon argent ( « monnaie blanche » ) s’ajoutent les espèces de billon ( « monnaie noire » ), monnaies faites d’un alliage d’argent et d’une forte proportion de cuivre. Par ailleurs était apparue une monnaie non métallique : la lettre de change.

Le système monétaire  20220610 Le système monétaire  20220711
Franc à pied de Charles V  et   Maille blanche de Philippe IV

Du point de vue économique – et assez schématiquement –, les monnaies d’or et les lettres de change sont plutôt utilisées pour le grand commerce et la haute finance ; l’argent sert, lui, pour le commerce régional ; quant au billon, il est employé pour le marché local et les achats courants.
Du point de vue social, l’or resterait ainsi l’apanage des gens d’affaires et des princes, l’argent servirait plutôt aux marchands et le billon au peuple laborieux.

Une répartition par type de transaction, service payé ou produit acheté est moins schématique et sans doute plus proche de la réalité.
Depuis le 12e siècle, les pièces sont jugées sur leur valeur intrinsèque, c’est-à-dire sur la quantité réelle ou supposée de métal précieux qu’elles contiennent par rapport à son cours officiel, sa valeur en monnaie de compte.
Chaque monnaie fait donc l’objet d’une demande précise à laquelle l’autorité émettrice doit satisfaire sans y perdre son crédit et surtout son revenu (le seigneuriage), dont le taux est variable et pour le maintien duquel l’administration royale n’hésite pas à pratiquer des mutations, c’est à dire des changements de la valeur de la monnaie.

Ce système tri métallique est fort difficile à équilibrer.
Il dépend d’un marché international des métaux à plusieurs échelons, dont les fluctuations et les spéculations peuvent engendrer une forte instabilité monétaire.
En situation prolongée de désordre monétaire, on finit par devoir spécifier avec quelles espèces doit être acquittée une transaction.
Là interviennent les professionnels, comptables, changeurs qui font évoluer les systèmes de compte en les raccrochant à de bonnes espèces de référence, telles que le florin italien ou le gros tournois.
Mais dans le royaume de France, le système de compte livre-sou-denier est officiellement maintenu avec autorité dans son exclusivité.

Le système livre-sou-denier

La réglementation monétaire de Charlemagne (793-794) est à l’origine du système de la monnaie de compte médiévale.
Il prescrit alors de tailler 240 deniers dans 1 livre d’argent.
La monnaie et le système pondéral correspondent.
La livre-poids donnant vingt sous de douze deniers de monnaies, devient livre-monnaie de compte.

Cette équivalence se fixe dans le domaine comptable et persiste en France jusqu’à la Révolution :

1 livre = 20 sous
1 sou = 12 deniers
La monnaie mise en circulation est dite « de paiement », par opposition à la monnaie de compte, unité de valeur qui ne se matérialise pas systématiquement dans une pièce de monnaie.

Le système monétaire  20220712
Denier de Charlemagne


Le franc médiéval, une monnaie de compte

De 1360, date de sa création, à 1425, moment de sa disparition officielle, le franc connaît un succès et une confiance qui engagent les financiers à l'utiliser comme monnaie de compte.
Une situation qui influence durablement la langue française...
Entre sa création et sa disparition officielle après 1425, le franc a circulé légalement et de façon quasi exclusive pendant 25 ans comme la monnaie d'or du roi de France, à un cours équivalant à la livre tournois, l'unité de compte dudit roi.
Le franc est amené à circuler à l'étranger, où il est reçu comme une bonne monnaie, une monnaie qui inspire la confiance.
Son succès se confirme dans les imitations qui en sont faites par les princes installés à la périphérie du domaine royal.

Succès, crédit et diffusion de la pièce aboutirent logiquement à son adoption comme unité de compte, comme élément de système de compte.

Le besoin d'une monnaie de référence
À la suite de la complexification des systèmes monétaires et de la multiplication des espèces au 12e siècle, des mutations qui les affectèrent à partir du 14e siècle, de nouveaux systèmes de compte furent élaborés sous l'impulsion des comptables publics et privés et des professionnels de l'argent.
Une espèce réelle, une bonne monnaie d'or ou d'argent à l'origine, servait à calculer en unités de compte traditionnelles – livres, sous, deniers – des sommes pouvant être représentées par toutes sortes d'espèces, d'or, d'argent ou de billon (mélange d'argent et de cuivre).
Cette monnaie de référence, réelle à l'origine, devenait une monnaie de compte qui évaluait toutes les autres monnaie réelles.

Au cours du temps, cette espèce pouvait être émise et réémise, muée, imitée à des conditions très diverses.
Il fallait donc convenir d'une pièce de référence relevant d'une émission précise faite à tel poids, tel titre, tel cours.
Par exemple, le gros fut l'une de ces monnaies de compte, mais il fut frappé un grand nombre de gros différents au 14e siècle.
Aussi s'accorda-t-on pendant plus d'un siècle pour définir le gros de compte à partir du gros tournois français de Philippe VI de l'émission du 6 septembre 1329.

Les systèmes fondés sur une seule pièce présentaient un inconvénient.
Comme il n'y avait que rarement un rapport fixe entre or et argent, voire entre argent et billon, il était délicat d'évaluer une monnaie d'un autre métal.
C'est pourquoi les systèmes de comptes s'organisèrent autour de plusieurs pièces, une d'or, une d'argent et parfois une de billon.

Le franc, monnaie de compte
Le franc à cheval de Jean II le Bon réunissait les critères propres à en faire une monnaie de compte, ce qu'il devint rapidement après sa création, d'autant que sa valeur correspondait à l'unité monétaire officielle, la livre tournois.
Le mot identifiait ainsi de façon sûre une pièce et sa valeur en même temps. Les comptables, à commençer par les agents royaux, utilisèrent de façon indifférenciée franc et livre pour exprimer les sommes.
En outre, la longue stabilité du franc par l'intermédiaire du franc à cheval et du franc à pied de Charles V enracina son utilisation comptable.

Le franc de compte se divisait en 16 gros de compte.
Il eut de surcroît la chance de correspondre au rapport or-argent des monnaies royales fixé par l'émission du gros tournois de 1361, ce qui permit au système franc-gros d'écarter le système florin-gros (1 florin de 12 gros, 20 deniers ou sous), qui s'était répandu par les marchands et banquiers des régions à l'est du Rhône (le Dauphiné, devenu français en 1349, la Bresse, la Franche-Comté), vers la France (Languedoc, Lyonnais, Forez, Auvergne, Bourgogne).
Né avant les grandes mutations, ce système florin-gros s'écartait en effet du rapport entre monnaie d'or et monnaie d'argent.

Le système du franc en était une adaptation aux réalités monétaires du moment, de sorte qu'il fut utilisé dans les provinces de la zone florin-gros, provinces limitrophes du royaume à l'Est et au Sud-Est, de civilisation française, et qui imitèrent le franc à cheval ou le franc à pied.
En fonction du florin d'origine, l'adaptation du franc donnait des systèmes différents :

Dans le Nord-Est (Lorraine, Bourgogne), c'était le florin de Florence : 5 francs de 10 gros valaient 6 florins de 10 gros.
Le gros y était divisé en 20 deniers.
En Lyonnais c'étaient 3 francs de 12 gros vieux de 20 deniers ou de 16 gros neufs de 15 deniers, pour 4 florins de 9 gros vieux ou 12 nouveaux.
En Languedoc, le rapport fut de 4 francs de 15 gros, puis de 16 gros pour tenir compte du cours de 15 deniers du gros réel, pour 5 florins de 12 gros.
Cela toucha encore le Forez et la Franche-Comté.

En France, le remplacement du franc par l'écu (1385) eut son corollaire dans l'établissement d'un nouveau système de compte, écu-gros.
Pourtant, l'équivalence franc-livre devint une parfaite synonymie qui permit au mot franc de survivre aux éclipses plus ou moins longue de la pièce de monnaie et de passer dans la langue française des registres de comptes à la littérature.

À travers quatre siècles de langue française
Le classicisme qui affecte la langue au 17e siècle fait sentir ses effets sur le franc.

Les lexicographes suivent les recommandations des épurateurs de la langue tels que Vaugelas, qui ne conteste pas la synonymie franc-livre, mais tire les conséquences de la différence de leur origine.
La livre ne fut jamais un signe monétaire mais une unité pondérale devenue unité de compte avec ses divisions.
Le franc avait été une pièce, sans divisionnaire ni fraction.
Aussi le franc de compte n'exprimait-il qu'une somme de francs ou de livres.
Vaugelas en déduisit la règle d'emploi selon laquelle le terme de franc s'appliquait aux seules sommes « rondes » et importantes.
Pour les sommes inférieures à 10 livres, Vaugelas officialisait l'usage populaire et comptable des sous ou de la dénomination d'une espèce choisie en fonction de sa valeur, comme l'écu d'or de trois livres du début du 17e siècle.

Enfin, une autre distinction sembla s'imposer : la valeur d'un bien s'exprimait plutôt en francs, la valeur d'un revenu en livres.

Cours, poids, titres
Voyage dans le vocabulaire monétaire

Monnaie réelle, monnaie de compte ; marc, denier, billon ou louis : le vocabulaire de la monnaie médiévale est riche et complexe.
Il mérite bien quelques éclaircissements...
Monnaie réelle et monnaie de compte
La monnaie réelle
Les monnaies du Moyen Âge ne portent que très exceptionnellement une valeur faciale, c'est-à-dire une valeur inscrite en chiffres ou en toutes lettres.
La valeur ou cours de chaque pièce est officiellement et arbitrairement fixée par l'autorité émettrice (roi, seigneur, ville), par ordonnance.

Mais la variation de la valeur de l'or et de l'argent modifie la valeur des pièces auprès des utilisateurs et des professionnels, tels les changeurs, ce qui instaurait un cours parallèle, le « cours marchand » différent du cours officiel, en fonction de la teneur de chaque pièce en métal précieux.

La monnaie de compte

Pour établir des comptes ou libeller des montants dans des contrats, on utilisait des systèmes de compte issus à l'origine d'unités de poids qui avaient parfois été traduites dans des espèces réelles.
Ainsi, jusqu'à la fin du 13e siècle on comptait en :

sous,
deniers (12 deniers = 1 sou),
oboles (2 oboles = 1 denier),
pites ou pougeoises1 (4 pites = 1 denier).
La livre, sans rapport avec une monnaie réelle, était conçue comme un ensemble, ou plutôt un poids à l'origine, de 20 sous, ou 240 deniers.

La multiplication et la diversification des monnayages à l'époque féodale obligea dès le 10e siècle les textes à préciser par le nom géographique de l'atelier ou de l'autorité quels deniers on utilisait pour acquitter telle transaction : denier de Paris, ou parisis ; denier de Tours ou tournois ; denier de Cahors, ou cahorsin.
Les comptes précisent de même en quelle monnaie on les établit.

D'autre part la différence de poids de métal précieux dans la pièce (valeur intrinsèque) entre ces différents deniers établit de fait des rapports d'équivalence, de change entre eux, qui se répercutent ensuite dans les comptes.
Par exemple, il était admis que 4 deniers parisis valaient 5 deniers tournois.
C'est ainsi aussi que les deniers du Puy et du Poitou, qui valaient le quart d'autres deniers féodaux ou royaux, laissèrent leur nom au quart du denier de compte : pougeoise ou pite.

Enfin ces monnaies subissant des mutations (affaiblissement ou renforcement), les comptables spécifiaient par la suite s'ils calculaient en monnaie « faible » ou en monnaie « forte » ou « nouvelle ».

La multiplication des espèces d'argent et d'or à partir de la seconde moitié du 13e siècle étoffa les systèmes de compte par l'intégration de certaines dénominations de ces espèces, en général des monnaies ayant eu une large et durable diffusion :

gros,
florin,
écu,
franc.
Leur valeur comptable variait d'un système à l'autre en fonction de la valeur de la pièce d'origine prise comme référence.

Les unités de poids monétaire
Le marc
Le marc était l'unité de poids correspondant à la masse du lingot ou de la barre d'alliage dans lesquels on découpait ou on taillait les rondelles ou flans des futures pièces de monnaie.
Cependant, au Moyen Âge et à l'époque moderne, il exista différents marcs utilisés en Occident.
Pour la France, le principal était le marc dit de Paris ou de Troyes, utilisé pour le monnayage royal depuis le 12e siècle.

Marc de Paris ou Troyes = 244,752 g
Les subdivisions du marc de Paris ou Troyes étaient :

Fierton : 1/4 du marc = 61,18 g
Once : 1/8 du marc = 30,59 g
Gros : 1/64 du marc = 3,82 g
Esterlin : 1/160 du marc = 1,53 g
Denier : 1/192 du marc = 1,27 g
Ferlin : 1/640 du marc = 0,38 g
Grain : 1/4608 du marc = 0,053 g
Dans les documents écrits, le poids d'une monnaie était généralement exprimé en deniers et en grains, 1 denier se subdivisant en 24 grains.

Exemple : le franc à pied
Saulcy, 1879.
Un document du début du 16e siècle, qui donne la valeur de monnaies françaises et étrangères...

Unités de poids indirectes
Cependant, dans les textes émanant des autorités monétaires, le poids des monnaies est exprimé différemment.
En effet, il n'est pas exprimé par la masse d'une monnaie libellée en unités de poids, mais indirectement.
Pour l'or, c'était par le nombre de pièces que l'autorité avait décidé de faire fabriquer qu'on allait donc découper ou « tailler » dans le lingot, la barre ou la lame de métal fin ou d'alliage à monnayer qui pesait un marc.
Le poids unitaire était donc déduit de la « taille » au marc, en divisant le poids du marc par le nombre de monnaies à y tailler.

Exemple : la taille au marc
Saulcy, 1879.
L'ordonnance du 20 avril 1365 ordonne que soient fabriqués des « deniers d'or fin aux fleurs de lys...

Pour l'argent et le billon, l'expression en était plus indirecte et moins simple à comprendre pour le lecteur actuel.
Comme pour l'or, le principe était le nombre de pièces obtenues d'un poids d'un marc, mais ce nombre est exprimé en sous (représentant 12 deniers signifiant ici 12 pièces) et en deniers (pièces), voire éventuellement en oboles.

Exemple : les gros deniers blancs à fleur de lys
Saulcy, 1879
Dans l'ordonnance du 5 décembre 1360 qui créa le franc d'or « à cheval », il était également ordonné...
Lire l'extrait
Les unités de titre ou d'aloi du système français
L'expression de l'aloi
Le titre ou aloi3 est la proportion de métal précieux ou fin (pur), or ou argent, dans un alliage.

Pour l'or, le titre s'exprime en carat. L'or pur ou fin est à 24 carats.
Ce système existe encore de nos jours en orfèvrerie et joaillerie, mais à l'époque contemporaine, les autorités monétaires et les numismates ont tendance à s'exprimer en millièmes pour les monnaies d'or aussi.
Ainsi l'or aux trois quarts pur est à 18 carats ou 750 millièmes.

Pour l'argent et le billon, le titre s'exprime en denier. L'argent pur ou fin est à 12 deniers ; un aloi de 3 deniers correspond donc à 250 millièmes ou au quart de fin.
Ce choix du terme denier et des 12 deniers pour la pureté vient de la technique d'« essai » du titre d'argent, qui était effectué par fusion d'un poids de métal de 12 deniers.

Les subdivisions de l'aloi
Le « denier de loi » ou d’aloi se subdivise, comme celui de poids, en 24 grains. La moitié d’un denier, ou 12 grains, était appelée obole ou maille, et le quart, ou 6 grains, était appelé poge, pougeoise ou pite, comme pour les subdivisions de la monnaie de compte.

Mais les difficultés techniques de l’affinage du métal argent faisaient laisser aux artisans des impuretés dans l’alliage.
C'est pourquoi, à partir du 13e siècle, l’unité de titre de référence dans le royaume de France, « l'argent le roi » – c’est-à-dire « l’argent du roi » –, utilisée pour le monnayage royal, correspondait, pour 12 « deniers de loi argent le roi », soit, en théorie, l'argent fin, à un titre réel de 11 deniers obole, ou 11 deniers et demi, soit 958 millièmes.
Ainsi, un titre de 3 deniers argent le roi ne correspondait pas à 250 millièmes d'argent fin, mais en réalité à : (3 : 12) x 958 = 239,5 millièmes.

Exemple : le titre du gros aux fleurs de lis
Saulcy, 1879
Le gros aux fleurs de lis de l'ordonnance du 5 décembre 1360 avait un titre légal de « 4 deniers 12...

Les mutations et leurs mécanismes

Au Moyen Âge, la mutation est une opération de dévaluation de la monnaie qui permet aux autorités d'augmenter pour un temps leurs revenus.
Mais, pratiquée à outrance, elle entraîne également une forte instabilité économique.
Les mutations sont des opérations monétaires pratiquées par l'autorité émettrice – le roi, le seigneur, la ville – pour maintenir ou plus souvent augmenter son revenu tiré du monnayage : le seigneuriage.

Causes d'une grande instabilité monétaire aux 14e et 15e siècles, les mutations sont intimement liées en France aux difficultés financières de la monarchie en guerre : alternative à l'impôt qui n'est pas encore régulier et rentre plus ou moins vite et bien, elles ont pour but de procurer rapidement des liquidités, notamment pour le paiement des troupes et autres dépenses militaires, effectué essentiellement en argent ou en billon (mélange d'argent et de cuivre), et guère en or.
Mais en France, la situation générale d'une part – à savoir les défaites, la crise économique, démographique et les mouvements sociaux – et d'autre part la relative pénurie de métal à monnayer –  'ailleurs liée aux causes précédentes par les phénomènes de thésaurisation et de concentration des fortunes dépensées en produits de luxe étrangers payés en pièces françaises – aggravèrent et allongèrent la pratique des mutations monétaires.

Monnaie et compte et monnaie de paiement
À la fin du Moyen Âge, deux monnaies coexistent :

une monnaie fictive, ou monnaie de compte, qui n'est pas constituée de pièces palpables.
Cette monnaie sert de barème pour l'établissement des prix, des contrats.
Elle se décline en livre, sou et denier, une livre valant vingt sous, un sou douze deniers.
Une monnaie réelle, ou monnaie de paiement, constituée de pièces en circulation qui n'ont pas de valeur faciale.
C'est le roi qui décide de la valeur libératoire d'une pièce, en édictant son cours, exprimé en monnaie de compte.
Mais la valeur réelle de la monnaie est déterminée par leur teneur en métal fin, variable en fonction du poids et du titre.
C'est également l'autorité royale qui fixait ces conditions d'émission.

Opérations monétaires
Plusieurs possibilités s'offrent ainsi au souverain voulant muer sa monnaie, et ainsi augmenter son revenu : jouer séparément ou simultanément sur

le cours officiel,
le titre,
et/ou le poids des monnaies,
Fluctuation des cours
Le roi peut jouer sur la valeur officielle d'une pièce, en décrétant arbitrairement qu'elle ne vaut plus 12 deniers mais 15 deniers en monnaie de compte.
La valeur comptable de la monnaie est augmentée d'un quart, mais en réalité cela revient à une dévaluation de 25 %, car dès lors, chaque denier de compte est représenté par une quantité de métal fin inférieure d'un quart.
Fort simple, ce procédé ne nécessite pas la frappe de nouvelles pièces.

Modifications de la valeur intrinsèque : affaiblissements de poids et de titre
Le gouvernement peut aussi modifier la valeur intrinsèque d'une monnaie sans changer son cours officiel, en diminuant le poids total unitaire de la pièce, ou en abaissant le titre de métal précieux, ou encore en cumulant les deux.
Davantage de pièces sont ainsi produites pour un même volume de métal précieux.
Cette pratique courante cause de grandes disparités entre les différentes monnaies en circulation, qu'elles soient royales, régionales ou étrangères, mais aussi pour une même monnaie frappée à des moments différents, en plusieurs émissions.

Un affaiblissement de poids accroît le seigneuriage sans changement des prix.
Mais l'opération est encore plus lucrative si le titre est secrètement affaibli en cours d'émission et après contrôle (c'est le cas à partir de 1347).
On le faisait surtout sur les pièces divisionnaires, la monnaie « noire » (doubles deniers, deniers).
Le gouvernement peut alors anticiper la hausse du prix d'achat du métal.
Le secret crée un décalage entre le moment de la mise en circulation et celui de la prise de conscience de l'affaiblissement par le public, ce qui retarde la hausse des cours marchands des pièces.
Le même secret présidait à des affaiblissements de titre de la monnaie d'or.
Seuls le trésor royal et quelques professionnels profitant d'informations privilégiées bénéficient de ce type de mutations, grâce à ce que l'on appellerait aujourd'hui un « délit d’initiés ».

Modifications du prix d'achat du métal précieux et du ratio or/argent
Une des causes des mutations est un relatif manque d'argent métal à frapper, non pas tellement que le stock réel d'argent ait sensiblement baissé, mais plutôt parce que le stock d'argent en circulation ne peut plus satisfaire la demande.
Pour attirer la matière première vers les ateliers monétaires, le gouvernement royal peut opérer une « crue » du tarif d'achat, c'est-à-dire augmenter le prix auquel il est pris par les ateliers, l'acheter plus cher qu'auparavant et plus cher que les autres autorités émettrices.
Une mutation peut alors se révéler nécessaire pour compenser cette augmentation du prix de revient de la monnaie et maintenir le niveau du seigneuriage, facilitée par l'afflux du métal qui permettait de fabriquer un plus grand nombre de pièces à un cours modifié.

Ceci contribuait donc à changer le rapport de valeur de l'argent par rapport à l'or.
L'argent déficitaire vit sa valeur augmenter, tandis que l'or manquait beaucoup moins et que les monnaies d'or perdaient beaucoup moins de valeur intrinsèque que celles d'argent. Le ratio or/argent fut globalement abaissé de 1 à 14 en 1330 pour fluctuer entre 1 à 5 et 1 à 10 de 1351 à 1360.
Modifier ainsi le ratio entre métaux au profit de l'or favorisait la diffusion du monnayage royal en or, au détriment des autres monnayages en or et à celui des barons qui ne monnayaient qu'en argent.

Affaiblissements, renforcement et décris
Les mutations étaient une série de plusieurs affaiblissements ponctués par un renforcement.
D'un côté, ce renforcement n'était jamais réellement un retour à la bonne monnaie précédente, encore moins à celle de Saint Louis.
De l'autre, le renforcement était effectué de sorte que la monnaie se trouvait surcotée par rapport à sa valeur intrinsèque.
Un renforcement permet ainsi de préparer les affaiblissements suivants.

Une opération de renforcement peut encore générer un profit si elle est accompagnée du retrait officiel des monnaies antérieures en circulation, des monnaies féodales et étrangères (décri).
Le décri signifiant retrait de la circulation et refonte en vue de nouvelles émissions, peut être maintenue ainsi une importante production qui garantit le revenu monétaire.
Avec un taux de seigneuriage élevé, les profits peuvent être considérables pour le trésor royal.
C'était aussi un moyen de lutter contre la concurrence des imitations et contrefaçons de monnaies royales, contre les monnaies étrangères, un instrument de contrôle et de gestion du stock métallique en circulation qui pouvait éviter de favoriser une hausse du prix du métal précieux.

Conséquences des mutations
Cours officiels et cours parallèles
Pour continuer de tenir compte de la valeur réelle des espèces et parer aux incessantes manipulations royales des monnaies, les utilisateurs, en particulier les professionnels, établirent une sorte de système parallèle du cours des espèces en circulation.
Conscientes que les textes officiels n'étaient pas longtemps respectés, les autorités devaient à leur tour prendre cette pratique en considération en particulier pour la comptabilité publique, sous peine d'aggraver les problèmes financiers de la monarchie.
Certaines ordonnances monétaires royales ne faisaient qu'entériner ces cours parallèles et entériner la persistance de la circulation de monnaies pourtant décriées dans de précédentes ordonnances pour ajuster leur cours aux cours officiels.

Des opérations très contestées
Pas moins de 85 mutations sont effectuées entre 1337 et 1360.
Spectaculaires et choquantes, ces opérations sont très mal vécues par l'opinion publique.
Un affaiblissement provoque une cherté soudaine, un renforcement avec un décri force le peuple à changer son avoir, constitué de monnaies faibles, à un cours dérisoire qui le laisse encore plus pauvre.
En réaction, les agents économiques indexent tout sur la quantité réelle d'argent fin, sur l'or de pièces françaises ou non de bonne valeur réelle.
L'aristocratie, dont beaucoup de revenus - les cens - sont coutumièrement fixés en deniers comptables, perd beaucoup de pouvoir d'achat à chaque affaiblissement, mais peut faire pression sur le gouvernement et le roi.
Le peuple, lui, ruiné par les renforcements puis par l'augmentation des prix et loyers, n'a de recours que dans l'émeute.
Réunissant tous les mécontents et tous les mécontentements, les mutations des années 1350 jouent un rôle dans la Jacquerie, dans le mouvement mené par Étienne Marcel à Paris et dans les revendications politiques des assemblées d'états qui contestèrent fortement la monarchie.

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Message  Jean le noir Jeu 23 Nov - 17:52

Quelques pièces :


Le système monétaire  Anne-d10
Anne de Bretagne

Le système monétaire  Blanc-10
Blanc à la couronne – Louis XI

Le système monétaire  Blanc-11
Blanc au K – Charles VII

Le système monétaire  Charle10
Charlemagne

Le système monétaire  Charle11
Charles VII – Le Franc à Cheval

Le système monétaire  Charle12
Charles VII – Gros de roi

Le système monétaire  Charle13
Charles VIII

Le système monétaire  Denier10
Denier de Charles VII

Le système monétaire  Double10
Double tournois – Louis XI

Le système monétaire  Guilla10
Guillaume le Conquérant

Le système monétaire  Jean-i10
Jean II Le Bon

Le système monétaire  Louis-10
Louis XII – Double tournois

Le système monétaire  Maille10
Maille de Charles VII

Le système monétaire  Monnai10
Monnaie papale

Le système monétaire  Philip11
Philippe Auguste

Le système monétaire  Philip12
Philippe IV le Bel – Double tournois

Le système monétaire  Philip13
Philippe IV le Bel - Denier tournois

Le système monétaire  Richar10
Richard Coeur de Lion

Le système monétaire  St-lou10
St Louis

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Message  Jean le noir Jeu 23 Nov - 17:54

Le matériel de frappe de monnaies  

Le système monétaire  Dsc01010
Matrice complète (coin dormant,coin mobile, socle, emporte-pièce et 1 plaque de régule)

Que peut-on faire avec une matrice ?

QUELQUES EXEMPLES
Battre monnaie sur un campement ou sur un site (château, musée, abbaye, etc.) et expliquer le geste de frappe.
Frapper 2000 ou 3000 monnaies pour un change lors d’un événement médiéval.
Frapper des monnaies pour une compagnie médiévale et animer la remise de la solde avec des écus sonnants et trébuchants.
Vendre la monnaie à l’unité lors d’une fête médiévale ou sur un site historique.
Fabriquer une certaine quantité de monnaies à vendre ou à louer lors d’ une exposition (musée, écoles, etc.).
Location de la matrice pour une exposition historique (musées, écoles, etc.)
Faire une carte postale avec la photo d’un site historique (château, abbaye, etc.) et coller 2 pièces, une côté pile, l’autre côté face.
Cette carte peut alors être vendue sur le site concerné par la photo.
Etablir un système monétaire au sein d’une compagnie

Evénementiel :

Chasse au trésor
Concours de prospection
Reconstitution de fouilles archéologiques (enterrer les pièces)
Simplement pour le plaisir de frapper

A savoir, une personne peut frapper 1000 pièces par jour.

Bonne frappe !

Le système monétaire  Co4v_m10
Matériel frappe de monnaies sur un atelier

Pour les pièces il faut faire des plaques de régul laminé en étain de l'épaisseur d'une pièce et la couper à la cisaille au diamètre de la pièce.
Certain fabrique un petit moule en bois pour couler les petites plaque de régule.
Partir sue de l'étain avec plomb et antimoine sans purifier pour avoir une dureté de la pièce
Sinon en alu mais moins histo niveau aspect.
Les vrais pièces sont faite en argent

L'argent fond à 962°Celcius et l'étain a 330°Celcius.

Vidéo frappe de monnaie clic dessus

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Message  Jean le noir Mer 6 Déc - 11:43

La naissance du Franc à Compiègne

(5 décembre 1360)
Les premières années de la Guerre de Cent sont un véritable drame pour la monarchie française avec les défaites des Ecluses (1340) et de Crécy (1346).
Le pire advient lorsque le roi Jean II le Bon est capturé lors de la bataille de Poitiers en 1356: emmené en captivité en Angleterre, son royaume est laissé à la gouvernance de son jeune fils, le dauphin Charles.
A son retour de Londres, quatre ans plus tard, le roi doit réunir 600 000 écus en guise d'acompte pour sa libération, et 400 000 de plus dans l'année qui suit. Soit 12,5 tonnes d'or: le prix d'un roi.
C'est dans un contexte économique catastrophique qu'il s'arrête à Compiègne le 5 décembre 1360, où il ratifie l'une des ordonnances qui devront permettre de restaurer le trésor royal.
C'est l'acte de naissance du Franc, une nouvelle monnaie stable, contenant 3,88 grammes d'or. Elle doit redonner confiance aux marchés européens et faciliter le paiement de la rançon.

Le système monétaire  40815210

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Message  Jean le noir Lun 15 Jan - 14:18

Les monnaies et les échanges (fin IXe et début Xe siècle)

L'économie carolingienne n'est plus cette activité médiocre et limitée qu'on a longtemps pensée.
Les recherches récentes tendent à montrer que la croissance était plutôt endogène, c'est-à-dire qu'elle dépendait de sa situation géographique, de ses marchés, des rivières, des campagnes et des villes bref du développement régional d'une province donnée.
Enfin l'archéologie permet d'avoir un regard neuf sur les échanges de cette période.

Les premières législations carolingiennes

Depuis le VIIIe siècle, les souverains favorisent les échanges en introduisant des réformes monétaires (il s'agit surtout d'adapter le numéraire à la valeur des biens commerciaux).
La monnaie de référence est devenue le denier d'argent frappé dans les ateliers impériaux puis royaux selon les équivalences romaines : 12 deniers équivalent à 1 sou et 20 sous à 1 livre.
Les premiers Carolingiens s'intéressent de près à la circulation monétaire en réglementant le poids et la fabrication des pièces ; Charlemagne fixe la livre à 240 deniers alors que Charles II le Chauve légifère contre les fausses monnaies.
Durant le IXe siècle, deux phénomènes apparaissent : d'une part l'abandon de la monnaie d'or puis la fin du commerce méditerranéen d'origine antique.

Durant les siècles précédents (VIIe et VIIIe siècles) les populations avaient été durement touchées par la peste venue d'Orient.
L'épidémie a eu raison d'une partie non négligeable de la population en Occident ce qui ralentit le développement des échanges terrestres et maritimes.
Observant une diminution du négoce, et la rupture des approvisionnements d'or, en provenance d'Orient via Constantinople, Charlemagne et ses successeurs décidèrent de retirer la monnaie d'or, utilisée depuis l’Antiquité, pour ne laisser circuler que la monnaie d'argent sous forme d'un denier argent émis à cet effet.
Il faudra attendre saint Louis (soit quatre siècles) pour voir le rétablissement de la monnaie d'or en France.
Second phénomène, la fin du commerce méditerranéen.
Les conquêtes des Omeyyades sur le Makrech, le Maghreb et l'Espagne, ferment, dès le début du VIIIe siècle, le commerce par le sud de la Méditerranée.
Le Moyen-Orient, y compris la Perse, est conquis dans le même temps.
Certes les musulmans se heurtent à la résistance de Constantinople, mais ils parviennent à figer, au nord, la frontière aux portes de l'Anatolie.
Le commerce méditerranéen est drastiquement réduit et l'or n'arrive plus d'Orient.
Mais, un élément nouveau apparaît.
L'émergence d'un nouvel espace maritime : la mer du Nord.
La Méditerranée ne se relèvera pas de sitôt de l’avancée des musulmans d'une part et de l'épidémie de peste qui la frappa d'autre part.
Mais l'ouverture aux échanges en mer du Nord favorise la multiplication des emporia (ports) sur les côtes septentrionales de l'Occident chrétien (par exemple Quentovic en Francie). Ces fondations sont bien entendu renforcées par le commerce qui se pratique déjà depuis quelques décennies avec les Vikings.

La mer du Nord, nouvel intermédiaire entre Occident et Orient

Certes, les Vikings sont responsables de nombreux raids destructeurs sur une bonne partie de l'Occident durant tout le IXe siècle : la Provence est dévastée en 859, l'abbaye Saint-Bertin en 891…
Bien entendu les razzias nordiques perturbent considérablement les circuits d'échange régionaux et internationaux.
En revanche, passé l'an 900, certains Vikings commencent à abandonner les armes pour s'adonner uniquement au commerce.
Depuis quelques décennies, l'Occident s'est adapté et a poursuivi les échanges malgré les menaces.
Ainsi les envahisseurs d'hier élargissent les horizons en intégrant les îles Britanniques au continent, complétant ainsi un vaste réseau commercial avec la mer du Nord comme espace central entamé déjà par les Frisons depuis le VIIIe siècle.
Les Scandinaves sont les nouveaux intermédiaires entre l'Occident et l'Orient (la Russie, Byzance et le Moyen-Orient).

Pourtant la situation n'est pas idyllique : de fréquentes bandes normandes continuent de rompre les échanges en mer du Nord.
On sait d'après les pièces retrouvées qu'au début du Xe siècle, le titre, le poids et la qualité des émissions tendent à baisser.
La monnaie est toujours frappée dans les ateliers royaux, mais elle n'a plus le rôle moteur qu'elle a pu avoir à l'époque de Charlemagne et de Charles le Chauve.
De plus, on remarque que la circulation, si elle se poursuit, se cantonne à des espaces plus restreints (plutôt régionaux voire locaux).
Enfin, si la monnaie semble plutôt rare dans les campagnes (sauf exception) elle est d'un usage courant dans les villes (comme le montre le trésor de Saint-Denis).

La « féodalisation » de la monnaie

Depuis Charlemagne et surtout Charles le Chauve, la monnaie est le ressort du roi et de personne d'autre.
Jusqu'à la fin du Xe siècle, le souverain se fait représenter souvent de profil, lauré avec pour inscription « Dei Gratia Rex » (roi par la grâce de Dieu) pour rappeler l'origine divine de son pouvoir.
Jusqu'à la fin du IXe siècle, les émissions sont réservées aux ateliers royaux gérés par les comtes.
Pourtant, la crise du pouvoir qui touche la dynastie carolingienne entre 877 et 888 va permettre une certaine autonomie locale.
Ainsi le contrôle royal, même s'il n'est pas interrompu, tend à diminuer.
Sous le règne d'Eudes on assiste pour la première fois à une diversification des émissions.
Vers 936, le comte de Normandie Guillaume Longue-Épée, Hugues le Grand et d'autres substituent le titre royal pour le leur.
Sous le roi Raoul, le poids et le titre du denier chutent, pour se stabiliser à 1,3 ou 1,5 g selon les provinces.
Laon apparaît comme le seul atelier royal habilité même si Hugues le Grand fait frapper monnaie à Beauvais avec la complicité de l'évêque.
De même, après avoir résisté contre les assauts du comte de Vermandois, Artaud, l'archevêque de Reims et chancelier de Louis IV reçoit du roi, l'autorisation de battre monnaie dans sa cité rémoise (vers 941).

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