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Le fromage à la Préhistoire, sous l'Antiquité, les Grecs et Romains, au Moyen âge , à la Renaissance, 17ème et 18 ème

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Message  Jean le noir Ven 2 Sep - 12:12

Le fromage sous la Préhistoire et l'Antiquité

Le fromage est le plus ancien de tous les aliments façonnés de main d’homme, même avant l’apparition du pain et du vin !

En occident, l’histoire du fromage remonte à la préhistoire, à l’époque néolithique, que l’on peut fixer à la fin du Vème et au début du IVème millénaire avant J-C.
La preuve en a été fournie par les archéologues, qui ont découvert des gisements de poteries percées aux abords de sites lacustres du Jura où jadis avaient été construits les palafittes abritant les populations.

Il est légitime de s’interroger sur l’enchaînement des faits qui ont amené ces hommes primitifs à fabriquer des vases percés de trous.
Sans doute ont-ils observé sur de longues périodes que le lait caillé ne pouvait être conservé si l’on n’en séparait pas le liquide résiduaire.

L’histoire de l’alimentation humaine commence toujours pas cette image « Au début était la cueillette… ».
C’est exact, mais pour compléter leurs ressources vivrières les premiers hommes devaient également se livrer à la chasse et à la pêche quotidiennes pour subsister.
Lorsque le temps était favorable, tout allait bien, mais durant la mauvaise saison, lorsque les intempéries les empêchaient de se livrer à ces activités, c’était la disette.

Pour se prémunir contre la faim, ces hommes primitifs, non dénués d’intelligence, imaginèrent de parquer les animaux sauvages les moins farouches.
On est donc certain que le fromage est une des raisons de la domestication des ovins et des caprins au Néolithique.
Les populations eurent ainsi sous les yeux le spectacle de la reproduction des espèces, la mise bas des jeunes, et le jaillissement du lait des mamelles maternelles après leur sacrifice.
Sans doute, la curiosité aidant, goûtèrent-ils, apprécièrent-ils ce liquide providentiel.
Ils essayèrent certainement de produire davantage de fromage pour leurs besoins futurs.
Malheureusement, le lait, d’un naturel instable, caille vite, et les réserves ne purent jamais être conservés longtemps.
Cela dura sans doute des siècles, peut être même des millénaires.

La légende raconte que le mécanisme de fabrication du fromage fut découvert par hasard, lors du stockage et du transport du lait.
En effet le transport du lait se faisait par le biais de conteneur fabriqué à l’aide de peaux de bêtes et d’organes internes.
La présence naturel des présures dans l’estomac a provoqué la transformation du lait, en lait caillé et petit-lait.

Dès lors le fromage était né.

Les bergers, une fois les brebis domestiquées, découvrirent, qu' égoutté, et séché, le lait caillé et le petit-lait devenaient un aliment facile à transporter et nourrissant.
La séparation du lait fermenté avait désormais de nombreux avantages.
La domestication des bovins se fit beaucoup plus tard, et donc les fromages au lait de vaches également.

Pendant l'Antiquité, des documents sumériens montrent qu’en -3000 avant Jésus Christ, il existait déjà une vingtaine de fromages frais.
Ces premiers fromages ont probablement été fabriqués par les habitants du Moyen Orient, ou par des nomades turques.
Des mosaïques très anciennes de Mésopotamie montrant la production de fromage, datant probablement de -5000 avant J.C sont exposées dans les musées de Bagdad et de Londres.

On a découvert en -2000, en Egypte des traces archéologiques de fabrication du fromages, comme par exemple des débris d’ustensiles de laiterie, et des traces murales dans des tombes.
On suppose que les premiers fromages étaient salés et aigres.

En Europe, où le climat est plus froid, les fromages nécessitaient moins de sel pour leur préservation.
Ils sont donc devenus un environnement propice au développement de bactéries et de moisissures, leur donnant un goût et une texture particuliers.
On trouve des faisselles en Grèce et en Sicile qui sont datés de -3000 avant J.C.

Le fromage sous la Grèce ancienne et la civilisation romaine

Le document le plus ancien qui se rapporte au fromage est gravé sur la stèle du roi de Babylone Hammourabi, qui régna de 1792 à 1750 avant J-C.

Cette stèle se présente comme un bloc de basalte noir sur lequel a pu être déchiffré le fameux code dit d’Hammourabi qui est l’un des plus anciens témoignages de ce temps.
Les inscriptions, en caractères cunéiformes, sont longtemps restées mystérieuses, mais on sait maintenant que les principaux aliments du marché étaient déjà contrôlés et taxés.

En dehors du fromage, une mention particulière est faite du pain solide et du pain « liquide » qui n’était autre que la bière.
Les Babyloniens savaient déjà que les levures qui font évoluer les deux produits pendant leur fermentation sont les mêmes.

Le deuxième écrit, dans la chronologie, est celui d’Homère, qui, dans L’Odyssée, met en scène le cyclope Polyphème dans l’antre d’Homère, que l’on identifiera plus tard aux « Forges du Vulcain » et aujourd’hui aux cavernes souterraines du Vésuve.
Ailleurs Homère raconte « que l’on râpait du fromage de chèvre ».
Les gâteaux au fromage sont également cités très souvent dans les écrits grecques, notamment par Athénée qui parle du Kinés garni de miel.
La mythologie grecque ainsi que le nouveau testament mentionne l’existence de fromages.
Le mot fromage apparaît dans la Bible lorsque Job s’adresse à son Dieux :

    Ne m’as-tu pas coulé comme du lait, et fait cailler comme du fromage ? (Job, X, 10)

Dans la Grèce antique, les repas du soir étaient composés de lait caillé et de fromage.
La fabrication de fromage utilisait des techniques proches de celles employées aujourd’hui.

Les Romains, eux, savouraient des fromages crus, ou cuits avec de l’huile d’olive et du vin blanc doux.
Columelle explique dans son traité d’économie agricole, le procédé de fabrication utilisant la coagulation du lait au moyen de la présure, le pressage du lait caillé, le salage, ainsi que le vieillissement.
Il recommande de faire cailler le lait avec l’estomac des jeunes veaux non sevrés avec du suc de figuier.
Columelle souligne l’importance du sel dans la fabrication, qui en plus de son goût, participe au séchage et à la conservation du fromage.

L’écrivain Pline l’Ancien consacra une partie de son encyclopédie, l’Histoire naturelle, à la description des types de fromages appréciés par les Romains du premier Empire.  
Pline mit en référence des fromages des quatre coins de France, ainsi que certains de Bithynie et d’Asie mineure.
Il affirma que les meilleurs fromages avoisinaient des villages de Nîmes, et que les fromages de chèvre étaient fortement appréciés à Rome pour leurs goûts nouveaux.

Pline évoque dans son Histoire naturelle, au chapitre XI «De diversitate caseorum», un fromage de lait de brebis du pays des Babales, la Lozère actuelle, semblable au Roquefort ainsi que les meules de fromages du pays des Arvernes et du Gévaudan, semblable au Cantal.

Le fromage faisait partie de la ration quotidienne des légions de César, notamment le Parmigiano Reggiano et le Pecorino.
César lui-même succomba à un fromage Bleu de Saint Afrique, près de Roquefort-sur-Soulzon.

La ration du légionnaire romain est même fixée par Hadrien à environ « 30 grammes par jour ».
Le fromage est d’ailleurs préconisé à l’époque pour soigner les dysenteries.

L’impressionnant réseau de communication des voies romaines influença la communication et les langues.
« Caseus », qui en latin signifiait « fromage », a donné naissance au mot « cacio » en Italien, « Käse » en Allemand et « Cheese » en Anglais.

Quant au Cheddar anglais, il est comme le Cantal, un fromage à pâte pressée non cuite.
Les deux fromages sont très proches par leur origine commune : on dit que ce sont les Romains qui ont amené aux Anglais la recette du Cantal que ces derniers ont adapté en Cheddar.
On peut donc considérer le Cheddar comme un lointain cousin anglais du Cantal.
Les Romains, grands consommateurs de fromages, se mirent à stocker les fromages en vue de l’hiver.
Ils inventèrent également le pressoir.

[/b]La chute de l’empire romain, et son invasion par des pilleurs germains, mongols et sarrasins, provoquèrent la disparition de nombreuses recettes de fromages. Certaines méthodes de fabrication de fromages ont pu être préservées dans des vallées ou monastères reculés.

Le fromage au Moyen-Age

On peut émettre l’hypothèse que, durant les siècles qui s’écoulèrent entre la chute de l’Empire Romain et la fin des évasions barbares, les fromages se limitèrent à ceux qu’importaient les occupants.

Les Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Vandales, Francs… étaient des hommes frugaux qui se nourrissaient de lait, de fromages et d’un peu de viande.

Les peuples envahis délaissaient les villes et se réfugiaient à la campagne où les laitages et le fromage constituaient une grande part de leur alimentation.

Le Haut Moyen Age avait d’autres préoccupations que le ravitaillement, et il fallut attendre la deuxième moitié du VIIIème siècle pour que l’Empire carolingien d’Occident, avec l’avènement du grand empereur, apporte une lumière trop vite éteinte.

Par chance, quelques monastères bénédictins conservèrent précieusement des connaissances sur le fromage qui purent traverser les âges.
Seules les chroniques du moine de Saint-Gall, Eginhard, qui fut l’historien et le secrétaire de Charlemagne à la fin de sa vie, nous rapportent quelques anecdotes.

L’une d’elle fait allusion à l’estime en laquelle l’Empereur tenait le fromage et rapporte un fait assez mémorable : au cours de l’un de ses voyages, l’Empereur étant arrivé à l’improviste chez un pauvre évêque un jour maigre, il dut se contenter d’un peu de pain et de fromage.
Le fromage avait des taches vertes dont il ignorait la nature ; il prit soin de les ôter avec la pointe de son couteau.
Son hôte lui fit respectueusement observer qu’il enlevait ainsi ce qu’il y avait de meilleur.
Charlemagne écouta cet avis et fut bientôt convaincu qu’au point qu’il pria son amphitryon de lui en faire expédier chaque année deux caisses à Aix-la-Chapelle.

Malheureusement, Eginhard ne mentionne pas dans quelle localité cela se passait mais il est plus que probable qu’il s’agisse de Vabres, petit village proche de Roquefort où il existait une importante abbaye dont le révérendissime abbé, bien que n’étant pas évêque, était cependant mitré, et recevait par tradition les hôtes de marque de passage.

Mais il précise qu’au bout de trois années Charlemagne prit en pitié le malheureux prélat qui devait parcourir le pays en quête de fromages bien à point en quantité suffisante pour le satisfaire.

Le même Eginhard écrivit : « Charlemagne rentrent d’Italie où il venait de battre les Lombards s’arrêta au prieuré de Reuil-el-Brie.
Là, le père prieur fit monter de sa cave quelques-uns des merveilleux fromages de Brie qui lui étaient personnellement remis au titre de la dîme.
L’empereur et sa suite y goûtèrent copieusement.

" Je croyais connaître tout ce qui se mange, dit Charlemagne, ce n’était que vanité de ma part ; je viens de découvrir l’un des mets les plus merveilleux et ordonne que deux fois l’an une quantité de ces fromages me soit envoyée en mon palais d’Aix-la-Chapelle."

Georges Duby (L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval), relate qu’au VIIIème siècle le Roi Ines, du Royaume Anglo-Saxons du Wessex, exigeait d’un de ses villages « trois cents pains ronds, dix moutons, dix oies, vingt poulets, dix fromages, dix mesures de miel, cinq saumons et cent aiguilles ».
Ainsi, le fromage connaît déjà la fiscalité.

Plus tard, les Croisés rapportèrent d’Orient de nombreux secrets de fabrication de fromages qu’ils révélèrent aux moines qui travaillaient à la prospérité de leurs couvents.
La règle de Saint-Benoît autorisant à l’époque la consommation du fromage, les moines se mirent à fabriquer un produit dont ils pouvaient tirer un bénéfice immédiat.

Ainsi, les Bénédictins et les Cisterciens notamment développèrent la production de fromage en France et dans toute l’Europe.
Ils sont à l’origine de nombreux fromages dont les appellations nous sont encore familières : le Pont-l’Evêque, le Maroilles, le Munster, La Tête de Moine, le Citeaux, le Herve ou encore le Limbourg.
Un cartulaire de l’abbaye de Maroilles mentionne la redevance qui devait être allouée à l’abbé en l’espèce de fromages dits à l’époque «craquegnons».

Aux dévastations qui furent la conséquence des invasions normandes succédèrent les terreurs de l’an mille.
Encore une fois, les monastères constituèrent le refuge des seigneurs et des populations épouvantées.
Pendant deux siècles encore le rythme fut brisé et l’on ne retrouva mention des premières sociétés fruitières que dans la seconde moitié du XIIIème siècle.

L’Eglise, devenue plus puissante que jamais, depuis les donations massives de la période des terreurs, les abbés et les évêques devinrent de véritables seigneurs féodaux qui, profitant de leurs nouveaux domaines, défrichèrent et formèrent de grands centres d’agriculture.

Accessoirement, les religieux bénédictins établirent des pâturages pour élever du bétail à vocation laitière ; ils étaient en effet, forcés d’héberger les nombreux animaux qui leur avaient été amenés durant la période de la terreur.

Les fromages fermiers apparurent vers le XIIIe siècle alors que les femmes de la campagne, cherchant d'autres sources de revenus et le moyen de tirer le maximum de la production du lait, mirent au point de nouvelles variétés.
Les fermières, également chargées de la préparation des fromages dans les fermes, avaient parfois des inventions de leur cru.

En revanche, les fromages à la grande forme, ceux qui sont devenus aujourd’hui les Comté, Emmental, Gruyère et Beaufort, sont des fromages résultant de la mise en commun des ressources d’un village ou d’un montage qui forme ce que nous appelons des fruitières.

Le principe était le suivant, deux fois par jour les fermiers rapportaient le lait de leur traite.
Ainsi les grandes quantités de lait, pouvaient donner naissance à des grands fromages de gruyère, qui étaient ensuite redistribués.
Chaque fermier recevait ainsi le fruit de son travail.

Il faut en effet une quantité importante de vaches pour entreprendre la fabrication d’une meule de fromage qui exige de 700 à  1000 litres de lait à mettre en œuvre en une seule fois.
Ces fruitières remontent au début du XIIIème siècle.
On en trouve trace à Deservilliers, petit village du Doubs, en 1278.

Le fromage sous la Renaissance

Grâce à la nouvelle  prospérité de l’Europe, la diversité des fromages se développe dans les grands centres urbains.

Pendant la Renaissance, au XVème siècle, on entendait les commerçants crier sur les marchés Parisiens : « Formaige d’Auvergne ! Formaige fort de Milan ! Formaige de Brie, Formaige de cresme aux racines de persil ! Formaige de cresme pour manger avec les fraizettes».

Avec les fromages frais, les caillebottes et les jonchées dont parle Rabelais et qui sont traditionnels en Anjou, dans le Maine et en Bretagne, les fromages de Brie et ceux d’Auvergne tenaient la première place à Paris.
Chaque auteur les classe d’après ses préférences : Platine de Crémone indique ceux de Chauny, de Bréhémont en Touraine, de la Grande Chartreuse et de Rosanois.

Charles Estienne dans son Agriculture et Maison Rustique dit que ceux de Crapone en Auvergne, de Béthune en Flandres, sont de première qualité et rappelle, lui aussi, les Angelots de Normandie et les fromages à la crème de Montreuil.

ll donne en outre de savoureux conseils pour la fabrication des fromages : « … Quant à la façon des fromages, on choisira le plus gros et gras lait, pur et frais, tiré pour faire formage qui se puisse garder longtemps, duquel ne tirera cresme ny beurre, mais tel qu’il viendra de la vache, tel sera mis en vaisseaux pour le cailler et le faire prendre.
En 1393, on pouvait  lire que pour choisir un bon fromage, il fallait " éviter d'en prendre un trop pâle comme la Belle Hélène, un pleurnichard comme Marie-Madeleine, ou un qui aurait des yeux partout comme Argus.
Non, vous en choisissez un bien lourd et ferme sous le doigt, avec une croûte épaisse. "

Quant à Charles d’Orléans, il offrit en 1407 du fromage en guise d’étrennes aux dames de sa cour : «  ô mon doux cœur je vous envoie, Amoureusement choisi par moi, ce Brie de Meaux délicieux -  Il vous dira que, malheureux - Par votre absence, je languis - A point d’en perdre l’appétit - Et c’est pourquoi je vous l’envoie - Quel sacrifice c’est pour moi ! ».

De l'autre côté de la Manche, à l'époque de la grande Elizabeth Ière, apparaissent des fromages tels que le Cottage ou le Stilton.
Shakespeare grand amateur de fromage devant l'éternel, s'est peut-être restauré de bonnes portions de Cheshire pendant l'écriture d'Hamlet.

Le fromage au XVIIème et au XVIIIème siècle

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D’Alembert décrit longuement les fromages de l’époque.

Au début du XVIIème siècle, Olivier de Serres raconte que les premiers fromages venaient d’Auvergne « connus dans tous les lieux de France, d’une mer jusqu’à l’autre », puis les Bries.

Il donne mille et une recettes de fabrication, de conservation, d’affinage (lit de vin, huile d’olive, vinaigre, eau de vie, froment,…) et de cuisine pour les fromages.

En France, les premiers fromages importés étaient ceux de Suisse, d’Italie, de Turquie et d’Hollande.
Dans  le Nouveau Monde, la plupart des historiens datent les débuts de la fabrication du fromage au Canada à l'arrivée des bovins amenés par Samuel de Champlain en Nouvelle-France.
Après 1610, le nombre de colons augmente et les troupeaux s'agrandissent.
En fait, les vaches dites " canadiennes " (ou Black Jersey) descendraient de celles qui débarquèrent ici en provenance de Normandie et de Bretagne vers 1660.
À cette époque, des fromages étaient déjà fabriqués dans nombre de fermes selon des procédés originaires de diverses régions de France.
Certains documents attestent que les fermiers acadiens fournissaient des fromages aux navires en partance pour les vieux pays.

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D’Alembert décrit longuement les fromages de l’époque, comme par exemple les pâtes cuites type Comté ou Gruyère :

« On fait le fromage cuit dans des chaumes construites sur les sommets aplatis des plus hautes montagnes des Vosges pendant tous le temps qu’ils sont accessibles et habitables, c’est-à-dire depuis la fonte des neiges, en Mai jusqu’à la fin Septembre, où les neiges commencent  à couvrir ces montagnes.
Une chaumière destinée au logement des markaires et de leurs vaches, et placé au milieu d’un district affecté pour les pâturages, a donné le nom à ces chaumes.
Le terme de Markaire est consacré pour indiquer les pâtres qui ont soin des vaches, et qui préparent le fromage, ainsi que ceux qui sont à la tête de ces établissements économiques.
De Markaire on a formé Markairerie, qui signifie également et la chaumière, et la science de faire les fromages cuits.
Ces habitations sont composées d’un logement pour les markaires, d’une laiterie et d’une écurie pour les vaches ; le plus souvent la laiterie n’est pas distinguée du logement des markaires, mais il y a toujours à part une petite galerie destinée à placer les fromages qu’on sale sur des tablettes de planche de sapin fort larges.

Le corps de ces constructions est fait de madriers de sapin placés horizontalement les uns sur les autres, et maintenus par de gros piquets.
L’intervalle des madriers est rempli de mousse et d’argile, ou scellé de planches : toute cette cage, qui n’a pas plus de sept piés d’élévation, est surmonté par une charpente fort légère en comble, couverte de planches.
L’écurie est le plus souvent un bâtiment séparé de l’habitation des markaires ; on a soin au-dessous d’une petite source, telle qu’il s’en trouve fort fréquemment sur ces montagnes élevées.
L’eau conservée d’abord dans un réservoir qui domine ces habitations, est conduite par des tuyaux de sapins mis bout-à-bout, dans le logement des markaires, et surtout dans l’écurie. …/…
Dans le logement des markaires, qui est aussi leur laiterie, on remarque d’abord le foyer qui est placé à un des angles du bâtiment sans tuyau de cheminée.
Quatre ou cinq assises de granite ou de pierre, de sable disposées en forme circulaire en composent toute la maçonnerie.

D’un côté, on aperçoit un baril où l’on conserve du petit-lait aigri, et que l’on tient toujours exposé à l’action modéré du feu ; de l’autre est une potence mobile, à laquelle on suspend une chaudière pleine de lait, qu’on place sur le feu et qu’on retire à volonté ; la forme circulaire du foyer est destinée à recevoir la chaudière.

Les autres meubles de la laiterie sont:

1) un couloir et son support…/…

2) Différents baquets dont les uns sont plus larges que profonds, et d’autres plus profonds que larges…./…

3) Des moules ou formes. Ce sont des cercles de sapin ou de hêtre, qui ont cinq à six pouces de largeur ; une extrémité rentre sous l’autre d’un sixième environ de toute la circonférence. …/…

4) Deux écuelles, l’une plate et l’autre creuse

5) Trois espèces de moussoirs pour diviser le caille…/…

6) Une table avec un espace suffisant pour y placer le fromage lorsqu’il est dans la forme cet espace est circonscrit par une rigole qui porte le petit-lait dans un baquet…./… »

A la fin du XVIIIème, le fromage perd un peu de terrain dans la consommation urbaine, notamment à Paris où certains bourgeois l’évitent.
Les historiens s’accordent pour considérer que le XVIIIème siècle prit fin prématurément avec la chute de l’Ancien Régime et les heures cruelles de la Révolution.
Ils ajoutent à juste titre qu’avec lui disparurent pour un temps le faste de la table et la recherche des éléments qui en composaient l’ordinaire.

De toute évidence, la suppression des classes dirigeantes entraîna celle des commerçants qui étaient leurs fournisseurs privilégiés.
La Révolution française dispersa les communautés monastiques et provoqua donc une réelle pénurie de fromage dans certaines régions.

L’approvisionnement subit, de ce fait, dans les grandes villes, de sérieuses restrictions.
La disette même régna durant le terrible hiver 1793-1794, les réserves étant épuisées et les échanges singulièrement ralentis par les effets de la Terreur.  
Un proverbe populaire du temps de la Révolution dit « Jamais homme sage Ne mangea fromage ».
Peu à peu, ce sont ainsi les fermiers qui prirent le relais des monastères dans la production de fromage.
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Le fromage à la Préhistoire, sous l'Antiquité, les Grecs et Romains, au Moyen âge , à la Renaissance, 17ème et 18 ème  Empty Re: Le fromage à la Préhistoire, sous l'Antiquité, les Grecs et Romains, au Moyen âge , à la Renaissance, 17ème et 18 ème

Message  Jean le noir Dim 18 Fév - 2:04

VIVE LE BON FROMETON !

On aime manger du fromage, au 14e siècle, en Quercy-Rouergue, dans le Sud Ouest.

Les documents du XIVe siècle de la région Quercy-Rouergue font souvent état de fromage.
Ils nous indiquent qu’on aimait le fromage bien affiné, avec du goût et du caractère.
Par exemple, un bon fromage vieux pouvait coûter jusqu’à 3 fois plus cher qu’un fromage « normal ».
Quelques mentions d’achat de différents types de fromage et de leur accompagnement, en languedocien original suivi de leurs traductions :

LE FROMAGE VIEUX :
-Cajarc (46), 1379, mention d'un casse-croute « offert » par les habitants de Cajarc (46) à une troupe anglaise de 60 hommes passant devant leur ville : fegem lor prezen de XX pas e de XXIIII quartz e mieh de vi clar e de I fromahge vielh que pesava III lb.
Traduction : on leur fit présent de 20 pains et de 24 quarts et demi (env. 20 litres) de vin clair et d’un fromage vieux qui pesait 3 livres (env. 1,2 kg).
-Capdenac (46), 1451, achat d'un fromage vieux : I fromatge vielh que pesava tres lb.
Traduction : un fromage vieux qui pesait 3 livres (env. 1,2 kg)

LE FROMAGE DE MONTAGNE :
Cajarc (46) 1376, un repas : …mangem del pa e del fromahge de montanha…
Traduction : nous mangeâmes du pain et du fromage de montagne…

LE FROMAGE DE VACHE :
Gourdon (46), 1358, mention d'un achat de pain, de vin et de fromage : …XL pas e I barial de vi e dos fromagges de vaca…
Traduction : 40 pains et 1 baril de vin et 2 fromages de vache…

FROMAGE ET SES ACCOMPAGNEMENTS :
Martel (46), 1354 : …despessa per carn e per fromatge e per anguilas…
Traduction : dépense pour de la viande, pour du fromage et des anguilles…
Martel (46), 1357 : …per figas e razins e fromatges…
Trad. : … Pour des figues, des raisins et des fromages…
Martel (46), 1358 : … per anguilas fromatges sal…
Trad. : … pour des anguilles, des fromages et du sel…
Martel (46), 1360 : … per pa per vi per carn e peicho e fromatges e per oli e per sal e per vinagre e per especias…
Trad. : … pour du pain, du vin, de la viande, du poisson, des fromages, de l’huile, du sel, du vinaigre et des épices…
Millau (12), 1388 : …pa e vi e fromatje…
Trad. : pain et vin et fromage (ça rappelle une pub…)
Millau (12), 1405 : … IIII pintas de vi e pa e fromatie e pressecx e nozes et amendas…
Trad. : … 4 pintes de vin, du pain et du fromage, des pêches, des noix et des amandes…
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