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Un jour, un mot, une histoire médiévale

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Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 Empty Re: Un jour, un mot, une histoire médiévale

Message  Jean le noir Ven 29 Déc - 18:11

Gauche ou Droite?

La place de la femme - A Gauche ou à droite de l''Homme ?

PORTRAITS DE COUPLES

1- MOI ET MA FEMME
POURQUOI, dans les portraits officiels de couples (peintures de l'Europe du Nord, notamment) , les diptyques de fiançailles, l’homme est-il toujours représenté à la droite de sa femme ?

LE PERSONNAGE LE PLUS IMPORTANT
Dans l'intimité familiale, le père est assis à la meilleure place ; les enfants sont au bas bout, d'abord les garçons, puis les filles.
En fait, le personnage placé "à la droite de"... est toujours la personne la plus importante hiérarchiquement, socialement ou symboliquement, Jésus est placé à la droite de Dieu, l'homme est placé à la droite de sa femme.
Il représente le patriarcat, mais aussi la protection qu'il peut lui donner.
Il laisse libre sa main droite, la main de l'épée pour remplir son rôle de protecteur et de souverain.
Sa main gauche, par ailleurs, celle du cœur est tournée vers la dame.
Aujourd'hui encore, durant la cérémonie du mariage, devant l'officiant, le marié est toujours placé à la droite de sa femme.....

2- MA FEMME ET MOI
Si par hasard, a dame est placée à la droite de l'homme, c’est que le sujet impose que la dame soit MISE EN VALEUR, c'est une marque de respect.
Le couple italien représenté plus bas est en fait un "memento mori", la jeune fille est décédée, pour preuve cette fleur de myosotis que lui offre le jeune homme.
Sur le tableau, elle est donc la personne la plus importante.

LA PLACE DE LA DAME DANS LA DANSE

Pour danser, la dame est placée à la droite de son partenaire pour une raison plus "technique":
En effet, les gentilhommes de la Renaissance qui dansaient à la cour portaient à gauche de leur ceinture une dague ou même une petite épée.
Il fallait donc que l’épée ne dérangeât point la dame pendant la danse, et cette dernière se trouvait donc placée à la droite du Monsieur.
On peut aussi considérer le fait que l'homme était sensé être le pilier qui conduit la danseuse.
Il ne pouvait alors pas être placé à l'extérieur.

LA PLACE DE LA DAME DANS LA RUE

Comme dans la danse, le couple en marche positionne toujours l'homme du côté du danger et la femme de l'autre côté afin qu'elle en soit protégée.
En France, la femme marche à la droite de l'homme.
Et vous, faites-vous attention à comment vous vous positionnez sur une photo ?
Quand vous marchez dans la rue, qui dans le couple est placé à droite ou est placé à gauche ?
Je vous invite à trouver d'autres exemples...

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GAUCHE ET DROITE DANS LA PENSÉE MÉDIÉVALE

Plongeons dans l’esprit médiéval et tentons de comprendre quelle était alors la perception de la gauche et de la droite.

FORTUNA - LE BIEN ET LE MAL

L’historien de l’art Pierre-Michel Bertrand l’a étudiée en suivant l’évolution de la représentation de Fortuna qui symbolisait les aléas de la vie.
A l’époque romane elle a les traits d’une déesse qui fait se mouvoir les humains autour d’une roue soit en les portant au sommet, soit en les faisant chuter.
A la fin du Moyen Âge elle prend l’apparence d’une femme dont le corps est divisé verticalement en deux : blanc du côté droit et noir du côté gauche.
Le corps ainsi latéralisé reprend, et souligne, le mouvement vertical et fluctuant de la roue de Fortuna.
Une partition qui renvoie à une tradition très présente au Moyen Âge selon laquelle la gauche et la droite sont le symbole de l’opposition entre le bien et le mal.

HÉRITAGE DU LATIN

Cette dualité se retrouve dans le langage.
En latin médiéval « dexter » signifie à la fois « à droite » et « favorable », tandis que « sinister » peut signifier « à gauche », ainsi que « malheureux », « contraire », voire « hostile » ou même … « pervers » !

LA PENSÉE COLLECTIVE

Gauche et droite, en tant que repères de latéralisation, sont ainsi investis de valeurs morales : celles du bien et du mal.
En martelant ces antagonismes (droite, blanc, bien / gauche, noir, mal) dans l’imagerie médiévale, cette représentation s’est profondément ancrée dans la pensée collective.
En étudiant ces mécanismes profonds, l’histoire permet ainsi de déconstruire les préjugés longtemps attachés aux gauchers...

Illustration :
L’âme d’un défunt sous les traits d’un enfant encadré d’un ange sur sa droite et d’un diable sur sa gauche – Guillaume de Digulleville, Le Pèlerinage de la vie humaine, manuscrit enluminé, Français, (1401-1500).

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Message  Jean le noir Dim 31 Déc - 13:12

Se mettre sur son 31

Ce soir, chacun se mettra sur son 31 pour le dernier jour de l'année.
Pour cette dernière expression, cela nous vient du "Trentain", étoffe fine et précieuse (composée de 30 fois cent fils) que seuls les plus riches pouvaient s'offrir.
Bien entendu, le fameux trentain a été déformé en 31 qui, vous l'avez compris, ne concerne pas que le 31 décembre mais n'importe quel jour de l'année où on s'habillerait avec classe et élégance.

DE GRANDS COQUETS – FAIRE L’AUTRUCHE

A la fin du XIVe siècle, ce sont des plumes d’autruche et de perroquet qui ont la faveur des aristocrates.
Elles sont utilisées au naturel ou peuvent recevoir une teinture.
En1386, Charles VI se fait livrer des plumes d’autruche de couleur rouge.
La coloration permet aussi d’ennoblir les plumes plus communes comme celles de chapon que le roi de France porte piquées sur certains de ses chapeaux.

Visuel : Que de plumes d’autruche ! Christine de Pizan, Epitre d’Othéa, Paris v.1409, Paris BnF, ms Français 606, f°1. Rencontre de Louis 1er d'Orléans et Christine de Pizan.

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Message  Jean le noir Dim 31 Déc - 13:17

Le vrai cordon bleu

Une expression née à la Renaissance…
Mais qui n’avait toutefois rien à voir avec les talents culinaires de la maîtresse de maison.
Le cordon bleu était une décoration, la plus illustre de toutes, que convoitaient avidement les aristocrates de l’ancien Régime (au ruban bleu ciel était suspendue une croix de Malte).
A l’origine, elle était l’insigne des chevaliers du Saint-Esprit.
Henri III avait créé cet ordre en 1578, alors que les guerres de religion battaient leur plein.
Son idée était de regrouper, sous cette bannière prestigieuse, les chefs du parti catholique afin qu’ils manifestent plus d’ardeur dans leur lutte contre les protestants.
La révolution de 1789 s’empressa d’abolir cet ordre, mais la notion de distinction suprême est restée, en se transférant à l’art culinaire.
Néanmoins, certains spécialistes de l’étymologie ont vu un rapport plus direct entre ce cordon bleu et la bonne chère…
Au XVIIIe siècle, un petit groupe d’aristocrates gourmets, tous détenteurs de cette décoration, avait pris l’habitude de se réunir régulièrement pour partager un repas « haut de gamme ».
Ces déjeuners gastronomiques donnèrent naissance à l’expression aujourd’hui inusitée : « faire un repas de cordons bleus ».
De nos jours, « les cordons bleus » ne sont plus ceux qui dégustent des plats savoureux mais ceux qui les préparent.

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Message  Jean le noir Sam 6 Jan - 12:11

6 janvier, les rois

La première semaine de l'année recèle un mystère, celui de la visite des Rois mages.
Seul saint Mathieu en parle : "Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que les mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, disant, où est le roi des juifs qui vient de naître car nous avons vu son étoile à l'Orient et nous sommes venus l'adorer".
Au Ve siècle, ces mages, qui devaient être des savants ou des sages, deviennent des rois.
Au VIe siècle, ils sont trois et reçoivent le nom de : Gaspard, Melchior et Balthazar.
Au XIIe siècle, leurs reliques sont mises au jour.
Au XVe siècle, leur pays d’origine est découvert : Melchior d'Arabie, Balthazar de Chaldée et Gaspard d'Ethiopie.
La date, 6 janvier, étant aussi celle de la dernière nuit solsticiale, elle est à ce titre honorée depuis longtemps.
Le symbole du soleil renaissant se retrouve dans la traditionnelle galette des rois.
Au cours de leur festin, les romains choisissaient un roi.
Les hasards du jeu ou de la fève le désignait pour une éphémère royauté. L'usage de la fève se retrouve dans le rébois stéphanois (Loire 42).
Malgré la christianisation de la fête, le rite païen se perpétue.
Cette tradition laisse entrevoir les pouvoirs magiques et divinatoires liés aux alcaloïdes contenus dans la fève crue.
Celle-ci, dit-on, donnerait le pouvoir de communiquer avec l'âme des morts.

Illustrations
- Recette du Rébois, extrait de Fêtes et Cuisine traditionnelles en Forez, Busseuil Mireille et Suzanne Pommier
- Rozier-Côtes-d’Aurec (42): Tympan sculpté représentant les Rois Mages adorant l’enfant présenté par la Vierge, XIe ; En savoir plus : Forez Velay roman ; édition du Zodiaque


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Message  Jean le noir Sam 6 Jan - 16:41

LÉGENDES DE PARIS

La légende du barbier et du pâtissier de la rue des Marmousets

Dans l’ile de la Cité à Paris était une rue tirant son nom de l’hôtel des Marmousets, bâti vers la fin du XIIe siècle et qui prit le nom de rue des Marmousets.
On prétend qu’il s’y passa, en 1387, une aventure qui est rapportée par divers historiens,
Un barbier et un pâtissier tenaient boutique à côté l’un de l’autre et la cave du barbier était attenante à celle du pâtissier dont on estimait fort les pâtés qu’il préparait lui-même… Avec ... La chair des victimes que le barbier trucidait dans son échoppe...
Les deux voisins avaient trouvé une bonne combine, le barbier sélectionnait un de ses clients de passage, le rasait de près, encaissait son argent.
Et puis… Il l’égorgeait dans sa cave.
Ensuite, les deux compères s’organisaient des petites soirées découpage de chair fraîche et le pâtissier pouvait faire les meilleures tourtes de la ville.
En 1387, à Paris, si vous voulez manger les meilleures tourtes de la ville, il faut vous rendre à l’angle de la rue des Marmousets et de la rue des Deux-Ermites, dans une petite pâtisserie qui ne paie pas de mine.
La réputation de l’artisan n’est plus à faire.
On raconte que même le roi Charles VI en est très friand.
Eh oui, du moment qu’un membre de la famille royale apprécie quelque chose, la cour se rue dessus, et le menu peuple tente de suivre.
D’ailleurs, deux chanoines du chapitre de Notre-Dame se décident un jour à aller acheter deux de ces célèbres tourtes.
De bon matin, les deux hommes se retrouvent face à la devanture, mais ils ne sont pas seuls.
Il y a un chien qui ne cesse d'aboyer !
Le voisin barbier lui jette des pierres pour le faire fuir, et le pâtissier a bien essayé de le chasser avec un bâton.
En vain…!
Mais Frère Martin semble reconnaître l’animal.
C’est celui d’un jeune homme qu’ils accueillent depuis plusieurs mois, un étudiant allemand du nom de Alaric.
On alerta la maréchaussée et les voisins de la boutique du pâtissier.
On découvrit ensuite dans la cave pestilentielle les outils utilisés pour démembrer les corps.
Les deux hommes avouèrent leurs crimes et furent brûlés vifs dans des cages de fer peu après en place de Grève le jour même de la sentence.
Conformément à l'usage, la maison où les crimes eurent lieu fut rasée et une petite pyramide expiatoire s'y éleva jusqu'en 1536.
Quand la maison eut été rebâtie, en janvier 1536, on n’oublia pas de faire figurer sur la maison nouvelle, à la requête du conseiller au Parlement, un souvenir de ce qu’avait vu l’ancienne.
Ce fut, en toute justice, le chien révélateur qui eut la première place sur le tableau expiatoire, sculpté en bas-relief.
L’empreinte du chien usée survécut et est encore sur une borne haute, mais effacée par le temps....
En 1848, une fruitière qui s’en servait pour adosser son étalage achevait de la dégrader...
Pendant que l’image du chien s’effaçait sur la pierre, le souvenir du barbier tenait bon dans la tradition parisienne.
Il y survivait comme une espèce de croque-mitaine, ou du Loup des contes d’enfants.

C’est une chanson populaire qui a rendu l’histoire si célèbre :
« Et rue des Deux-Ermites,
proche des Marmousets,
fut deux âmes maudites,
par leurs affreux forfaits,
l’un barbier sanguinaire,
pâtissier téméraire,
découverts par un chien,
faisant manger au monde,
par cruauté féconde,
de la chair de chrétien. »

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Message  Jean le noir Dim 7 Jan - 10:51

7 JANVIER, FÊTE DE LA QUENOUILLE

À l’époque médiévale, la quenouille symbolise le travail des femmes et, au lendemain de l’Épiphanie, celles-ci reprennent leurs activités ménagères délaissées pendant les fêtes de la Nativité.
Les Évangiles des quenouilles (ou Les evvangiles des queneules ; Les evvangiles des quenoilles) est un recueil de contes médiévaux enchâssés rédigés par Fouquart de Cambray, Duval Antoine, Jean d'Arras.
Ils furent écrits en langue d'oïl et en picard et publiés à Bruges chez Colart Mansion en 1480.
Le récit raconte les propos de six femmes dites « sages doctoresses et inventeresses » qui se retrouvent à l'occasion de 6 veillées nocturnes.
Elles abordent tour à tour divers sujets de discussion comme les maladies, les remèdes, les recettes, les dictons, les conseils et enfin les interdits de la vie quotidienne.
L'ouvrage connut un grand succès tout au long du XVIe siècle.
Extrait des "Evangiles des quenouilles"
"Si quelqu'un près d'un feu écrit dans les cendres avec son doigt ou son bâton, ou joue avec le feu, c'est signe qu'il a pissé ou pissera dans son lit."

Visuel : Miniature extraite de l'Evangile des Quenouilles, 1470, Musée Condé, Chantilly.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 32395910

La quenouille

Quelle curieuse idée me direz-vous.
De nos jours peu d’entre nous ont une quenouille à la maison…
Tout d’abord qu’est-ce qu’une quenouille ?
C’est un bâton – souvent en roseau – dont la partie haute est garnie de fibre textile brute (lin, chanvre ou laine) destinée à être filée au rouet ou au fuseau.
Symbole du travail féminin, son utilisation - qui demandait patience et dextérité - , était autrefois mise en opposition avec les travaux dits « masculins », comme les labours.
Ceci étant dit : pourquoi une journée de la quenouille ?
A l’époque médiévale, elle est célébrée douze jours après Noël et marque la reprise des travaux ménagers après les fêtes.
Les travaux des champs ne reprennent que la semaine suivante…
Cette journée est l’occasion de plaisanteries entre hommes et femmes.
Par exemple, en Angleterre les pommes sont échangées contre des bobines, la paille contre des aiguilles…
En Provence cette journée est toujours l’occasion de festivités populaires.
Depuis le Moyen Âge, la fête de lei fieloua a été décalée au mercredi des Cendres.
Elle reste néanmoins l’occasion de divertissements avec des danses folkloriques au cours desquelles les danseurs masculins portent des lanternes qui représentent les quenouilles.

Illustration : Marginalia avec un personnage hybride mi-humain mi-fileuse, Horae, Maître d'Egerton et Maître de Boucicaut, manuscrit enluminé, Ms-650 réserve, 1400-1425.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41603210

Filer un mauvais coton

Si vous rencontrez la Parque Atropos aujourd'hui, c'est que "vous filez un bien mauvais coton" !
Filer un mauvais coton" signifie qu'une personne est en train de traverser une période difficile, qu'elle se comporte de manière inappropriée ou qu'elle est en train de décliner moralement ou physiquement.
Elle peut également signifier que l'avenir de la personne est compromis.
Atropos, la troisième Parque, appelée aussi "Morta", était chargée pour les anciens grecs de couper le fil de la vie humaine filé par ses sœurs.
Elle a aussi donné son nom à la Belladone ou « Atropa Belladona », la plante hallucinogène et potentiellement mortelle, et par là-même l'atropine.

Elle apparaît ici dans un manuscrit intitulé : Le livre des échecs amoureux moralisés,1496-1498. Evrard de Conty- BnF.

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Message  Jean le noir Mer 10 Jan - 9:46

"OUI", d'où cela vient-il ?

Lorsqu’on s’amuse à deviner l’origine des mots, on peut être surpris en jetant un coup d’œil au Dictionnaire historique de la langue française.
La langue française est riche de son histoire.
Au fil du temps, ils ont changé de sens, ou de graphie, selon les usages.
L’étymologie est cette science qui permet d’établir un « rapport de filiation établi à propos d’un mot donné et expliquant sa constitution » .
On peut ainsi trouver l’origine des mots et suivre leur évolution à partir de leur état le plus anciennement attesté.
Saviez-vous par exemple, que le terme « pancréas » signifiait littéralement « tout en chair » ?
Que le mot « comète » désignait originellement ce qui est « chevelu » ?
Ou que le nom du « tibia » désignait à l’origine une flûte avant de servir exclusivement pour caractériser le plus gros des deux os de la jambe ?
Cette étude des mots et la recherche de leurs origines permettent de se rendre compte de l’infinie richesse de notre vocabulaire.
Pourquoi dit-on « oui » ?
Le mot vient du latin « hoc » qui voulait dire « cela (est) ».
Ce « (h)oc » que l’on prononçait dans le Sud s’est progressivement transformé en "oïl "dans le nord de la France.
Même les mots les plus anodins se révèlent parfois étonnants.

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Message  Jean le noir Ven 12 Jan - 9:28

LES POSSÉDÉS

Bernard de Clairvaux pratique un exorcisme

L'exorcisme ou le miracle sont les seules solutions pour libérer le possédé.
Quand ils réussissent, leur efficacité est immédiate : la personne redevient aussitôt celle qu'elle était auparavant.
Le rituel de l'exorcisme est détaillé dans les textes liturgiques dès les IIIe et IVe siècles.
Il consiste en un ensemble de formules et de gestes.
Le possédé est conduit dans une église devant l'autel, où il doit confesser ses péchés et proclamer sa foi.
Suivent des prières et des cantiques.
Le prêtre bénit l'eau et le sel qui servent à asperger le possédé, puis pratique l'imposition des mains sur sa tête.
Puis, il adjure le démon de sortir du corps de sa victime.
L'exorcisme implique la présence de témoins qui assistent au drame ritualisé.
Son but est de restaurer la personne marginalisée dans sa santé mentale et la communauté des croyants.

Ferrer Bassa, Bernard de Clairvaux pratique un exorcisme, 1325-1355. Vic, museu episcopal MEV.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41753810

On ne parle pas impunément du diable qui prend tout au pied de la lettre.
Tout humain, même le plus pieux peut être la victime du diable.
La possession a lieu le plus souvent à la tombée du jour ou en pleine nuit pendant le sommeil de la victime et par l'intermédiaire d'un cauchemar.
Aussitôt le possédé se réveille et commence à délirer.
Hommes et femmes, de tous les milieux : chevaliers, gens du peuple, moines et prêtres sont également victimes du diable.
Le portrait type du possédé le figure les vêtements déchirés, les chevaux mal coiffés, les traits altérés, l'écume aux lèvres et l'haleine fétide.
La tonalité de sa voix a changé ; il grince des dents, jette un mauvais regard, hurle, aboie, rugit, marmonne des paroles incompréhensibles ou, au contraire, il fait preuve d'un mutisme total.
L'emprise démoniaque empêche sa victime de manger ou de dormir.
L'agitation et l'énergie du forcené sont difficiles à maîtriser car les possédés sont souvent dotés d'une force surhumaine.
Ils présentent aussi des troubles de la sensibilité : anesthésie cutanée, gesticulations démesurées, tremblements, crampes, convulsions.
Violents, ils sont trop dangereux pour eux-mêmes et pour les autres.

Grégoire le Grand pratiquant un exorcisme, Vincent de Beauvais, Miroir historial, fin du XIIIe siècle, Chantilly, musée Condé, Ms 722/1196, fol. 8v.AKG-images/Erich Lessing.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41738610

UN EXORCISME DE SAINT YVES DE TRÉGUIER

Les actes du procès de canonisation d'Yves de Tréguier (1301-1302) présentent le cas d'Alain de Senis, de la paroisse de Tréleven, souffrant d'insomnie, de perte d'appétit, criant, essayant de se blesser, d'attaquer les autres et conversant avec son démon.
Il est mené à Yves dans la chapelle de Lohanec.
Calme, il se confesse, mais le démon, furieux, le menace de le faire payer par la suite.
Yves répond que démon ment, c'est lui qui le paiera et la victime dormira dans son lit ce soir.
Alain tombe endormi auprès du saint sur une litière de paille, aspergée d'eau bénite.
Yves le veille en lisant les Evangiles et disant des prières ; le lendemain, Alain se réveille en forme et libéré du démon qui le tourmentait depuis trois ans ; il vécut jusqu'en 1318.

Saint Bernard exorcise le diable, Georges Breu l'Ancien, 1500, Zwettl (Autriche), Retable de saint Bernard.

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Difformités de l'esprit

La différence ne touche pas seulement les corps mais aussi les esprits.
Les fous et les possédés sont perçus comme des menaces.
Entre admiration, rejet et pitié, le fou de Dieu ou le possédé appartiennent aux marges spirituelles que les sociétés médiévales tentent d'apprivoiser ou de rejeter.

Visuel : le Christ guérit le possédé de Gerasa. Zillis (Suisse), église Saint-Martin, détail du plafond en bois peint vers 1130-1140.

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La danse macabre de Bar-sur-Loup

L'affreuse punition du comte de Bar

Dans la jolie petite église romane en pierres blondes se trouve un tableau sur bois représentant une danse macabre accompagnée d'une inscription en provençal, 33 vers en alexandrin.
Et d'après la tradition, cette danse ferait écho à un ancien fait divers...
La légende dit que le comte de Bar avait donné un bal dans son château en plein carême, malgré l'interdiction de l'Eglise.
Des morts mystérieuses se seraient produites en pleine fête.
Punition divine !
Le comte, repentant, fait peindre le tableau en mémoire de cette tragédie, qu'il expose dans une chapelle dédiée à saint Arnoux spécialement construite pour l'occasion.

UNE DANSE... MORTELLE ! LE BAL MAUDIT

Le peintre aurait représenté le comte avec un tambourin et un galoubet, en musicien, en maître de cérémonie, presque : après tout c'est lui qui a bravé l'autorité et a fait qu'au milieu de son bal des gens sont morts...
On voit un petit diable sur sa tête en train de danser en riant.
A ses côtés, des spectateurs en costumes de fête.
A droite, le bal maudit...
On y voit quoi ? Plusieurs couples de danseurs avec à chaque fois un petit diable sur la tête d'un d'entre eux.
Au premier plan, un homme allongé, mort.
Un démon enlève l'âme de ce dernier de sa bouche, tandis qu'un autre démon fait pencher la balance dans laquelle un ange pèse une âme.

Flèche fatale et démon

Au premier plan aussi, on voit un horrible squelette avec un arc et des flèches dans un carquois : comme Cupidon prêt à décocher sa flèche, oui !
Mais là, la flèche est mortelle...
D'ailleurs, on voit un homme touché, qui vacille et va tomber à terre.
Le diable qui se tenait sur sa tête est descendu jusqu'à son épaule pour intercepter son âme !
Et tout à droite, un démon plonge un homme dans la gueule d'un monstre tout noir : l'Enfer !
Au vu des costumes des personnages, on fait remonter cette danse macabre à la fin du XVe s.
Le Guide de la Provence mystérieuse (éd Tchou) indique qu'elle a dû être peinte par « un de ces artistes anonymes et itinérants de l'école niçoise ».

L'INSCRIPTION

Et que dit l'inscription en lettres gothiques alors ?
En provençal, ça commence par O paures pecadours... qui pourrait se traduire comme ça :
« O pauvres pécheurs !
Souvenez-vous que vous mourrez bientôt.
Et vous dansez comme des fous, et menez votre vie avec insouciance...
« Si vous mouriez sans vous être repenti, vous connaîtriez le plus triste des sorts.
Souvenez-vous en, ne tardez pas à faire repentance, car quand votre âme sera dans la balance, il sera trop tard.
« Prenez peur, car le jour de votre mort approche.
Si la mort venait à vous frapper, soudainement, vous n'auriez aucun recours, et vous danserez cette terrible danse encore et encore sans jamais vous arrêter. »
Voilà, en résumé, l'essence du texte, terriblement bien ancré dans les peurs médiévales.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41739910

LES POSSÉDÉS DU DÉMON


La croyance en la possession diabolique n’est pas une spécialité médiévale.
Elle remonte à l’Antiquité juive et plusieurs cas en sont mentionnés dans le Nouveau Testament, comme celui du possédé de Gerasa, habité par une légion de démons et guéri par le Christ.
Les hommes et les femmes du Moyen Âge ont la conviction que des esprits peuvent s’emparer d’eux.
Cependant, le diable ne s’empare pas de n’importe quel corps.
La possession est souvent la conséquence d’un péché.
A Bologne, saint Dominique, prié de guérir un frère convers possédé, interroge le démon qui l’habite en ces termes : « Je t’adjure, misérable, de me dire pourquoi tu tourmentes une créature de Dieu et pour quel motif et comment tu es entré ici ? ».
Et celui-ci répond : « Je le tourmente parce qu’il l’a mérité : car hier, il a bu en ville, sans la permission du prieur et avant de faire le signe de croix. ».
Le possédé peut aussi payer pour les péchés des autres, sans avoir commis de faute personnelle.
Dans ses récits de miracles, Césaire dHeisterbach (1180-1240) évoque une femme à laquelle son mari a dit « Va au diable. »
Aussitôt, elle sent un démon pénétrer en elle par l’oreille ; et Césaire d’Hesterbach de conclure qu’on ne parle pas impunément du diable qui prend tout au pied de la lettre.
Tout humain, même le plus pieux peut être victime du diable.

Visuel : Exorcisme d'une femme-Me San Severino-1480-82 -Le tableau faisait partie de la collection d'un politicien peint pour l'église Saints Severino et Sossio à Naples, et il raconte l'un des miracles post-mortem de San Severino. Florence-musée Horne.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41742610

DÉMONS INCUBES ET SUCCUBES

On peut être tenté de voir dans l’attitude des possédés de simples états psychologiques ou physiologiques : dépression, schizophrénie, épilepsie, syndrome de La Tourette, névrose, bipolarité ou distanciation de la personnalité.
Même à l’époque, certains observateurs redoutent l’exploitation de la naïveté de certains croyants et émettent des doutes sur le phénomène, mais ils demeurent peu nombreux.
Les possédés ne sont pas les seules victimes du diable, il y a aussi ceux qu’il tente de séduire avec ou sans succès.
Ses deux visages les plus connus sont les démons incubes et succubes qui exploitent les appétits sexuels des jeunes, femmes ou hommes, pour s’insinuer dans leurs âmes de pécheurs.
Ils usent de maléfices pour induire le chaste à la luxure, à tuer des innocents ou à les pousser au suicide, à la maladie, aux rêves et aux visions.
La séduction diabolique est une forme atténuée de la possession ; ses victimes, surtout des femmes, sont la proie de démons incubes qui leur imposent des relations sexuelles.
Le diable revêt alors l’apparence d’un beau jeune homme ; il s’en prend plus particulièrement aux jeunes filles qui ont fait vœu de chasteté, comme les religieuses qui parviennent, dans la plupart des cas, à le repousser.
Le démon séduit aussi les hommes, surtout les moines, sous la forme de succube.
Ceux qui cèdent sont voués aux remords.
Césaire d’Heisterbach raconte le cas d’une belle jeune fille séduite par un démon.
Un jour, son père, le prêtre Arnold la trouve en pleurs, devenue folle : Elle était tellement démente et hors du sens, à la fois par la douleur et à cause du démon, qu’elle mettait dans sa bouche et mastiquait de petits vers.

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Message  Jean le noir Ven 12 Jan - 9:35

BONS ET MAUVAIS PAUVRES

Dans sa Vie de Saint Louis, Jean de Joinville raconte qu'alors qu'il parlait avec son ami, Jean l'Ermine, une foule de mendiants vint les assaillir.
L'un de ses compagnons demanda à son serviteur de les disperser mais Jean L'Ermine protesta disant "qu'il y avait bien des occasions de salut à y gagner et que l'aumône éteint le péché comme l'eau le feu".
Cette anecdote témoigne bien de l'ambivalence des sentiments envers les pauvres au XIIIe siècle.
Les mendiants ont leur place dans la société médiévale.
Dans l'économie du salut prônée par l'Eglise, le pauvre est utile au riche car, en lui faisant la charité, il avance sur le chemin du salut ; toutefois son statut reste inférieur et entaché d'infamie.
Ces mendiants professionnels sont parfois attachés à une église ou une oeuvre de charité, tandis que d'autres sont des vagabonds allant de ville en ville.
Il est donc très difficile d'envisager leur nombre et leur poids dans la société urbaine.
Cette tradition, établie dès les débuts du christianisme, se trouve bousculée au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge par la montée du paupérisme dans le cadre d'une vaste crise économique.

Nourrir les affamés, les sept oeuvres de la Miséricorde, Parme, baptistère, fresque du XIVe siècle.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41872710

La parabole du mauvais riche

La parabole du mauvais riche est une histoire biblique qui est racontée dans l’évangile de Luc 16:19-31.
Elle raconte l’histoire d’un riche qui a tout ce qu’il veut et qui ignore un pauvre mendiant nommé Lazare qui est à sa porte.
Après leur mort, le riche est envoyé en enfer et Lazare au paradis.
Le riche demande à Abraham d’envoyer Lazare pour lui donner de l’eau, mais Abraham refuse en disant que le riche a eu sa chance sur terre et qu’il doit maintenant souffrir en enfer.

Enluminure : Lazare et le mauvais riche, Missel du cardinal Cisneros, XVIe siècle. Madrid, BnF.La parabole du mauvais riche

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41872910

Pauvreté mendie auprès de Richesse

Guillaume de Lorris-Jean de Meun, Le Roman de la Rose, vers 1490-1500. London British Library, Harley 4425, fol.73

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41456810
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Message  Jean le noir Ven 12 Jan - 10:10

LE MOYEN AGE ET LA FOLIE DES COULEURS

Force est de constater que la couleur était à l’honneur au Moyen Age.
Des gentilshommes empreints d’extravagance n’hésitaient pas à porter des bas de couleurs différentes.
Ces excentricités gagnaient même les campagnes, ce que ne pouvait souffrir la noblesse.
Aussi, le duc de Savoie, Amédée VIII, décida-t-il d’interdire aux gens du peuple de porter de la soie et des étoffes teintes en 1430.
Au début, la palette était relativement restreinte.
Le bleu, le rouge, le jaune et le noir faisaient partie des couleurs dites simples à partir desquelles les teinturiers pouvaient obtenir toutes les teintes possibles, en les mélangeant les unes aux autres ou en leur ajoutant divers produits.

L'ELÉGANT

L’élégant se devait de maîtriser la symbolique complexe des couleurs.
Chacune d’elle exprimait, selon son usage, une vertu ou, à l’inverse, un vice.
Selon l’ouvrage de Jacques d’Enghein, dit Sicile, le Blason des couleurs en armes, livrées et devises (1450), l’homme devait porter une belle chemise blanche, symbole de chasteté et de pure conscience.
Sa toque d’écarlate rouge signifiait la prudence.
Le chapeau d’un bleu Perse évoquait les cieux et Dieu.
Le pourpoint noir, symbole de magnanimité, était associé à des chausses grises. Une ceinture violette, couleur de l’amour et de la courtoisie, devait ceindre le corps du gentilhomme. Pour compléter cette tenue, des gants jaunes dénotaient la libéralité et la jouissance.

LE SAC "À MAINS" À LA CEINTURE

Le sac venait compléter la tenue.
Au XVe siècle, les bourses à cordons sont remplacés par des sacs à fermoirs et boucles, beaucoup plus sûrs contre les voleurs des rues.
Ces sacs sont très élégants, souvent taillés dans le plus beau velours ; Le cadre en fer en haut est décoré avec des glands, des têtes humaines et des lézards, dont certains coulissent pour ouvrir le sac.

Visuel : Chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins- Jean Fouquet- Louvre. Vers 1460.

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Message  Jean le noir Dim 14 Jan - 9:54

Broderies et dentelles

OPUS ANGLICANUM
Broderie anglaise du 12e au 15es


Qu'était-ce que "l'Opus Anglicanum" ?
Opus Anglicanum signifie littéralement « œuvre anglaise », le terme Opus Anglicanum était le terme utilisé pour décrire l'exquise broderie créée par les brodeurs anglais à la période médiévale en utilisant des matériaux de luxe tels que la soie, les peaux, le fil d'or.
Les broderies anglaises produites pendant cette période entre 1250 et 1360 sont originales à la fois dans leur dessin général et par leur décoration figurative détaillée, comme cet exemple de la "Cape de Bologne" du couvent de San Domenico à Bologne, présentée ci-dessous.

La "cape de Bologne" (détail), 1310-20 - Museo Civico Medievale, Bologne.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41502610

Le « travail anglais », ou Opus anglicanum en latin qui était un discours commun dans le monde catholique, était un style exquis, très élaboré et très prisé de travail d'aiguille.
Les fils d'or, d'argent et de soie utilisés pour composer la broderie étaient l'expression d'une énorme richesse.
C'était une époque où l'église s'habillait pour impressionner et les princes terrestres de la cour laïque étaient rivaux dans la splendeur.
Outre les vêtements ecclésiastiques et laïques, les brodeurs ont décoré des antependium (devants d'autels) élaborés et autres formes de tentures précieuses qui ornent les pièces publiques et privées.

Image : The Chichester-Constable Chasuble, back view, circa 1335–45. The Metropolitan Museum of Art, New York.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41516210

BRODERIE AUX LÉOPARDS (DÉTAIL), BRODERIE, 1330-1340.

Cette pièce du 14e siècle a exigé une technique hors pair.
Et le décor végétal de rinceaux est mis en valeur sur un velours rouge luxueux.
Cette broderie composée de 38 fragments était à l’origine une housse de destrier, utilisée pour la guerre et les tournois.
Probablement commandée par le roi d’Angleterre Edouard III, elle est ornée de trois léopards passants des armes d’Angleterre (avant qu’elles ne soient écartelées par les lys de France en 1340).
Les animaux stylisés évoluent dans un décor poétique de feuillages animés de figures courtoises.
La broderie au point couché non rentré a dû être exécutée rapidement, dans un atelier royal.
Elle est néanmoins très raffinée : pelage ondoyant des léopards, sourcils brodés en relief, inclusion de verres entourés de perles.
Cette housse gagna sans doute dès le XIVe siècle l’Empire Germanique, où elle fut transformée en chasuble (ornée du fermail brodé visible dans cette vitrine.
Acquise par le musée de Cluny en 1922, elle fut démontée en 1939.

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Opus Anglicanum signifie littéralement « œuvre anglaise », le terme Opus Anglicanum était le terme utilisé pour décrire l'exquise broderie créée par les brodeurs anglais à la période médiévale en utilisant des matériaux de luxe tels que la soie, les peaux, le fil d'or et Les broderies anglaises produites pendant cette période entre 1250 et 1360 sont très élaborées dans leur design général et par les détails figuratives.
Ceux qui fabriquaient ces broderies étaient pour la plupart des femmes, principalement basées dans la ville de Londres.

Détail, Ange musicien jouant du luth sur un cheval frisé.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41503010

BRODERIE MÉDIÉVALE

Cette broderie est presque une affaire de famille...
En effet, elle est née de l'étroite collaboration d'un peintre et d'un brodeur.
Mais pas n'importe lesquels !
Le peintre Barthélémy d'Eyck était le beau-fils du brodeur Pierre du Billant, tous les deux au service du roi René d'Anjou.
Quand le premier se charge de dessiner les cartons, le second utilise les techniques les plus raffinées de broderie pour leur donner corps.
Savez-vous ce qu’est « la peinture à l’aiguille » ?
C’est ainsi qu’était parfois surnommée la broderie au Moyen Âge.
Exécutée avec la technique de l’or nué, les broderies médiévales avaient un aspect semblable à la peinture car les fils métalliques recouverts de points de soies colorés permettaient de donner un effet de modelé, des contours et des nuances aux figures.
La technique a perduré après le Moyen Âge, à la Renaissance.

Panneau brodé : Guérison de la femme aveugle, 15e siècle, broderie, vie de Saint Martin, musée de Cluny.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41511810

Au Moyen Âge, la broderie est omniprésente dans le quotidien des hommes et des femmes, des plus riches aux plus humbles.
La broderie est l’art d’ajouter à la surface d’une étoffe déjà fabriquée, la représentation de tel objet qu’on désire, à plat ou en relief ; en or, argent ou nuances de couleurs. (Charles Germain de Saint Aubin, Art du brodeur, 1770).
Véritable art textile, elle était omniprésente dans le quotidien des hommes et des femmes du Moyen Age.
Les broderies de fil de soie, d’or et d’argent décoraient les habits de cour, le mobilier des demeures princières, les ornements liturgiques, tandis que les vêtements et accessoires des plus modestes pouvaient aussi être brodés avec des matériaux moins coûteux et des techniques plus simples.
Le matériel et les outils (aiguilles, broches en bois pour coucher l’or, dés, ciseaux, épingles, forcettes, balances) sont aisément transportables d’un lieu à l’autre.

La tenture de la Vie Seigneuriale : la Broderie, 16e siècle, musée de Cluny.
Libro cuarto, italien, 1520, brodeuses

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BRODERIE, TAFFETAS DE SOIE

Cette pièce provient de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun, où il était utilisé comme suaire, pour envelopper des reliques.
Pourtant, le répertoire iconographique évoque une inspiration venue d'ailleurs.
Ce suaire n'est en réalité que le fragment d'une pièce de soie luxueuse, tissée dans le sud de l'Espagne dans un atelier musulman.

Suaire de saint Lazare d'Autun, 1007-1008, broderie sur soie

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41606310

L'ORFROI DE MARNHULL (THE MARNHULL ORPHREY)

Victoria and Albert museum
L'orfroi de Marnhull s'est démarqué comme une magnifique pièce de broderie datant du début du 14e siècle.
Il a été produit au cours d'une période de l'histoire connue sous le nom d'Opus Anglicanum (œuvre anglaise) lorsque les meilleures œuvres brodées venaient des ateliers d'Angleterre et étaient demandées dans toute l'Europe.
Son pic était de 1250 à1350 et la plupart des pièces survivantes sont ecclésiastiques.
On pense que la compétence n'était pas exclusivement féminine - que tant les hommes que les femmes travaillaient dans ce métier.
Le centre de l'Opus Anglicanum était la ville de Londres.
Les documents ultérieurs, ceux de la période Tudor, donnent, dans certains rouleaux royaux, les noms de certains brodeurs employés par la royauté - tels que « Robynet » dont la pension et le salaire ont été réglés par la reine Elizabeth d'York (1466-1503).
Il est également indiqué que Robynet a embauché et payé d'autres brodeurs pour le travail.
L'orphrey de Marnhull porte le nom du village du Dorset dans lequel il a été trouvé en 1935.
Il est en forme de croix et représente quatre scènes de la Passion du Christ avec une cinquième scène coupée en bas.
ll est brodé en fils métalliques et en soie colorée.
Ce fil métallique étincèlerait à la lumière du soleil et à la lueur de la bougie et contribuerait ainsi à la magie des offices pour une personne du Moyen Âge.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41604811

DE LA BRODERIE À LA DENTELLE

A l’origine de la dentelle à l’aiguille se trouve une technique très ancienne et universellement répandue : la broderie.
Si tous les pays du monde ont pratiqué la broderie en fils de couleur, il semble que seuls les pays européens aient, vers le milieu du XIVe siècle, adopté l’usage de la broderie blanche sur fond blanc, d’une façon extensive.
D’abord réservée au linge de maison, cette mode s’étend bientôt aux sous-vêtements, c’est-à-dire essentiellement à la chemise.
De la fin du XIVe siècle au début du XVIe siècle, la broderie blanche passera par plusieurs évolutions stylistiques mais elle ne changera guère du point de vue technique : on brode dans une variété de points ou on tire des fils pour en faire des jours.

DE PLUS EN PLUS DE TRANSPARENCE...

Puis au cours des premières décennies du XVIe siècle, l’évolution du goût s’accélère et l’on se met à désirer plus de transparent dans ces broderies.
Il suffit alors de tirer plus de fils, de faire plus de jours ou de trous pour en arriver jusqu’à l’idée même de créer de toutes pièces la structure la mieux appropriée à la légèreté de l’ouvrage.

1530-40 UN GÉNIAL RENVERSEMENT DE LA TECHNIQUE

C’est ainsi que l’on imagina, après divers tâtonnements, de ne plus se servir d’aucun support, en l’occurrence la toile de lin, mais au contraire de prendre le problème à l’envers : construire soi-même la charpente de fil nécessaire à la réalisation de l’ouvrage.
La véritable dentelle est née, vers 1540, de ce génial renversement de la technique.
C’est donc dans les années 1530-40 que commence véritablement à se répandre dans toute l’Europe la technique de la dentelle.
On attribue généralement à l’Italie le mérite de la découverte, du moins en ce qui concerne la dentelle à l’aiguille.
Quant à la dentelle aux fuseaux, il semble acquis qu’elle se soit développée concurremment dans les Flandres et en Italie et que sa technique soit dérivée de la passementerie.

LA FABRICATION DE LA DENTELLE, UN OUVRAGE DE DAMES

A ses débuts, La fabrication de la dentelle se situait exclusivement au niveau individuel ; c’était un ouvrage de dame auquel s’adonnaient les femmes de presque toutes les classes sociales, y compris celles de la noblesse, encore que celles-ci travaillaient surtout à l’aiguille.
La dentelle représentait à la fois une nécessité puisqu’il en fallait garnir le trousseau et une forme de détente jugée « utile et saine » pour les femmes.

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Quelle est la différence entre la tapisserie et la broderie ?

Une broderie est un motif cousu sur un tissu ou une étoffe à l'aide de points.
Pour lui donner du volume, il est ici "rembourré", peut-être avec du parchemin.
À l'inverse, une tapisserie est un tissu ouvragé sur lequel le motif est intégré dans la trame.
L'aumônière brodée
Au Moyen Age, le petit sac à main s'appelle d'abord une "aumônière" et comme son nom l'indique, il sert à mettre l'argent que l'on va donner aux pauvres !
Une aumônière est une bourse portée à la ceinture, fermée par un rabat ou des cordons.
Accessoire du costume féminin et masculin, de dimensions et de formes variables, elle peut être modeste ou luxueuse.
Les aumônières trapézoïdales au sommet arrondi, de grande taille, sont probablement portées par des hommes.
Parmi les rares exemplaires brodés conservés, quelques-uns arborent un décor géométrique et héraldique.
Un groupe plus important d’aumônières parisiennes ou françaises, exécutées vers 1330-50, sont historiées.
Leur iconographie relève de l’amour courtois et fantastique : scènes de fine amor, chasse à la licorne, épisodes chevaleresques, hybrides musiciens, créatures fantastiques telles le griffon.

Aumonières brodées, vers 1330-1350, musée de Cluny.

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Sandales liturgiques : les deux font la paire !
Dans les collections du musée de Cluny se trouve une sandale liturgique... et une seule !
Mais où est passée la seconde ?
Au 19e siècle, un antiquaire a l'idée de les vendre séparément pour en tirer un meilleur prix.
C'est ainsi que la 2nde se retrouve aujourd'hui dans les collections du musée des Tissus de Lyon.

Sandales liturgiques, broderie, fils de soies et filés or, 12e siècle. Cluny.

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Message  Jean le noir Dim 14 Jan - 10:10

Pour qui le très célèbre duc René d'Anjou écrivit-il son célèbre livre du Cuer d'Amour espris ?
... Pour...
Isabelle de Lorraine,
sa première épouse dont il avait été très amoureux...
Au château de Baugé-en-Anjou, dans le bel escalier de conception Renaissance, se cache l'anagramme d'Isabelle de Lorraine : "A la si belle reine d'or".
Fille de Charles II, Duc de Lorraine et de Marguerite de Wittelsbach, Isabelle de Lorraine est née en 1410 et épousa René d’Anjou le 24 octobre 1420 à Nancy.
L'union de René et Isabelle est d'abord politique : C'est un "mariage d'alliance" négocié par Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou et mère de René, ayant pour finalité de réunir les duchés de Bar et de Lorraine.
En 1419, à 10 ans, René devient en effet futur et unique héritier par adoption de la Maison de Bar.
Et l'année suivante, à seulement 11 ans , René épouse donc Isabelle de Lorraine - 9 ans.
Il devient donc duc consort de Lorraine, en tant qu'époux d'Isabelle de Lorraine.
René était alors Comte de Guise et héritier du Duc de Bar et deviendra plus tard Roi de Naples, Comte de Provence et Duc d’Anjou.
C'est pour cela qu'il a tous ces blasons dans ses armoiries...

Isabelle fut Duchesse de Lorraine de 1431 à 1453.

En vertu du traité de Foug signé en 1419, il fut convenu que si les deux duchés partageaient les mêmes souverains, chacun conservait ses propres institutions.
Première épouse du Roi René, Isabelle de Lorraine lui donna neuf enfants et mourut à Angers le 28 février 1453 .
Sa dépouille mortelle fut déposée dans le tombeau que son mari avait fait réaliser pour eux dans la cathédrale Saint Maurice d’Angers .
René Ier d’Anjou abdiqua de la couronne de Lorraine, à la mort de sa femme, en faveur de leur fils ainé , Jean, mais conserva celle de Bar qu’il tenait de droit.
René se remaria le 10 septembre 1454 avec Jeanne de Laval mais n'en eut pas d'enfants.

Portrait d’Isabelle de Lorraine du XVIIe siècle (Galerie des Offices) et Enluminure du "Livre du cuer d'amour espris"..

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41873210 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41879310

Blason de René d'Anjou où l'on reconnaît, en bas à droite, les armes de Lorraine.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41881110

Reconstitution de ce qui avait pu être les appartements décorés de René d'Anjou et d'Isabelle de Lorraine, au château de Baugé-en-Anjou.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41872810

Dessin de la tombe de René d'Anjou et d'Isabelle Ire de Lorraine, à la cathédrale d'Angers, avant sa destruction en 1794.

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Message  Jean le noir Dim 14 Jan - 13:12

Un procès historique.

9 janvier 1431 : ouverture du procès de Jeanne d'Arc.
Capturée par les Bourguignons le 23 mai de l’année précédente, Jeanne est emprisonnée de nombreux mois.
Elle fait l’objet de longues tractations diplomatiques de la part l’université de Paris, alors dans la main des Anglais.
Jeanne est enfermée au château de Beaurevoir, elle tentera de nombreuse fois de s’évader, sans succès.
Vendue aux Anglais par Philippe le Bon, Jeanne est transportée de ville en ville, du Crotoy jusqu’à Rouen.
Son procès débute le 9 janvier 1431.
Le tribunal est présidé par Pierre Cauchon, Jean d’Estinet est nommé procureur général, Jean de la Fontaine est conseiller commissaire instructeur.
De nombreux greffiers sont présents, notamment Bois Guillaume et Manchon.
Jean Massieu est l’exécuteur des exploits et des convocations. Le procès-verbal du procès subsiste toujours.
En tout, environ cent vingt personnes vont participer à ce procès hors norme, il durera plus de quatre mois.
Condamnée à mort pour relapse le 28 mai (pour le détail, cf. notre éphéméride du 30 mai) elle est brûlée vive le 30 mai 1431.
Ses cendres sont dispersées dans la Seine pour éviter qu’une sépulture à son nom devienne un lieu de pèlerinage.
C’est toute la haute société parisienne acquise à la cause anglaise qui se réjouit. Jeanne les appelait les « Français reniés ».

Illustration : Fred Roe (1864-1947), le procès de Jeanne d’Arc, 1899, Shipley Art Gallery.
Pour aller plus loin : J.Y. Laurent-Lefèvre, « Jehanne nommée d'Arc née et morte sous Y », collection Vérité, édition Die.
R.P Dom, H. Leclerc, « Le Procès de Jeanne d'Arc », édition ESR.

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593 ans jour pour jour, 9 janvier 1431
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Message  Jean le noir Lun 15 Jan - 18:33

"LE MAL DES ARDENTS"OU FEU DE SAINT ANTOINE, LA MALADIE DE L'ERGOT DU SEIGLE

A Issenheim (Alsace), comme dans les autres établissements du très puissant ordre des Antonins, créé officiellement en 1247, on accueillait en particulier ceux qui souffraient du « feu de Saint Antoine », une maladie appelée aujourd’hui ergotisme due à l’absorption de l’ergot, un parasite infectant le seigle et identifié comme tel seulement à la fin du XVIe siècle. Parmi les symptômes, des convulsions, des spasmes, des hallucinations et surtout la gangrène des membres qui obligeait à amputer les malades.
L’invocation de Saint Antoine, un ermite égyptien du IIIe siècle à la réputation de thaumaturge bien ancrée, fut longtemps considérée comme le seul recours possible contre « le mal des ardents », autre nom donné à cette intoxication.
Selon une légende, les reliques du Saint furent en effet à l’origine d’une guérison miraculeuse qui eut lieu à la fin du XIe siècle dans le Dauphiné.
En arrivant dans la commanderie d’Issenheim, les malades étaient conduits dans le chœur afin de faire leurs dévotions devant la relique de la tête et le retable.
Les moines qui accueillaient les malades dans leurs hôpitaux les soignaient en substituant à une consommation trop exclusive une alimentation carnée reposant surtout sur la viande de porc.
Ce régime était accompagné de prières, de mesures d'hygiène, d'applications de potions à base d'herbes.
Parmi les médicaments utilisés par les Antonins figuraient le baume de saint Antoine et le Saint-Vinage, un breuvage à base de vin dans lequel les religieux faisaient macérer des plantes et tremper des reliques de saint Antoine.
Ils produisaient également un baume à base de plantes aux vertus anti-inflammatoires

Tableau : Le Retable d'Issenheim, Entre 1512 et 1516, Matthias Grünewald, retable pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Colmar (Alsace).

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Message  Jean le noir Sam 20 Jan - 10:25

Adressez-vous à Saint Sébastien !

Les flèches qui transpercent saint Sébastien deviennent, au Moyen Âge, symbole de la contagion.
Et Sébastien, qui survit miraculeusement à ce martyre, un protecteur des épidémies.
Apparues au 12e siècle, ces petites appliques de plomb, de facture simple, étaient acquises par les pèlerins lors de leur visite des sanctuaires.
Elles étaient ensuite cousues sur leurs vêtements en signe de dévotion, portées comme des talismans ou même placées dans des écrins.
Le plus souvent, elles représentaient le patron du lieu sacré : image de la Vierge, du saint homme ou de la sainte femme, représentation d’un miracle dont on espérait la survenue. Mais certaines de ces enseignes, comme la flèche de plomb-étain représentée, du début du 16e siècle, étaient de prime abord plus étranges.
Retrouvée dans la Seine avec beaucoup d’autres, elle semble avoir une symbolique plus militaire que religieuse.
Pourtant, si on la regarde de plus près, on distingue au niveau de l’empennage un personnage transpercé de quatre pointes de flèches.
On n’a alors aucune difficulté à reconnaître saint Sébastien, un soldat chrétien martyrisé à la fin du 3e ou au tout début du 4e siècle.
À l’occasion d’une persécution, Dioclétien aurait ordonné à des archers de l’exécuter en le perçant de flèches.
Le saint aurait miraculeusement survécu au supplice, ce qui lui aurait donné l’occasion de confronter l’empereur à nouveau – et de rencontrer, cette fois, une mort définitive.
Une procession en l’honneur du saint à Rome, qui sembla interrompre une vague de maladies en 680, la symbolique des flèches prit un sens particulier : Sébastien était celui qui pouvait détourner les traits envoyés par la colère divine, lorsque celle-ci se manifestait par des affections envoyées sur les hommes.
Il n’est pas étonnant que la figure de saint Sébastien ait connu un succès renouvelé quand les grandes épidémies de peste refirent leur apparition, à la fin du Moyen Âge : l’abondante iconographie qui lui est consacrée jusqu’à la Renaissance en témoigne.
Mais saint Sébastien n’était pas le seul à pouvoir protéger les hommes des fléaux sanitaires.
D’autres figures étaient invoquées pour prévenir la contagion.
La plus connue est certainement celle de saint Roch de Montpellier.

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Pour la saint Sébastien

Une humble petite sculpture de saint Sébastien datant du XVIe siècle (!) réalisée en bois de tilleul peint et doré dans un atelier du Nord de la France, probablement en Picardie.
Visible au musée de l'Archerie et du Valois, ce qui prouve que saint Sébastien était le saint patron des archers.

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Message  Jean le noir Sam 20 Jan - 10:27

LES GUEUX, CAYMANS, COQUINS

Théologiens, moralistes et poètes se font l’écho du sentiment d’insécurité du temps et tentent de révéler les ruses des vagabonds, ceux qu’on appelle aussi les gueux.
D’origine néerlandaise, le mot "gueux" apparaît en français au XVe siècle pour désigner les mendiants, mais toujours de façon péjorative.
Le miracle de Pierre le Changeur de la fin du XIVe siècle fait le portrait de trois mendiants qui se réunissent le matin sur une place pour se réchauffer au soleil tout en parlant de leur ruse de métier ; ils vont ensuite à la taverne en fredonnant puis s’adonnent à leur pratique.
Dans plusieurs de ses ballades, le poète Eustache Deschamps (1346-1406) évoque les foules de mendiants qui s’amassent sur le parvis des églises à la sortie de la messe ; certains n’hésitent pas à bousculer les fidèles ou à s’introduire dans le sanctuaire, y provoquant des scandales.
Les aveugles sont conduits par la main, les estropiés dans des brouettes et des enfants sont postés aux portes pour apitoyer le bon peuple.
Mais ce ne sont que ruses et tromperies.
Ces faux pauvres détournent « l’argent de Dieu ».
Pour Deschamps, il n’y a qu’une réponse à ces gueux : les chasser de la ville !

Illustration : Distribution d’aumônes par les membres de la Fraternité Notre-Dame de la Miséricorde, fresque des XIIIe -XIVe siècles. Bergame (Italie), musée et trésor de la cathédrale.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41740510

Les "coquins"

Les Pèlerins qui vont à Saint-Jacques de Compostelle obtiennent au terme de leur pèlerinage le droit de porter une coquille Saint-Jacques, ce qui indique qu'ils sont allés au bout de leur voyage.
On les surnomme les "Jacquets".
Certains voleurs de grands chemins se font alors passer pour des pèlerins arborant eux aussi la coquille.
Ce sont les coquillards.
De ce dernier mot dérive le mot "coquin" qui apparaît au XIIè siècle et qui est synonyme de voleur.

Photo : attrape "coquin", musée de la ville de Bruxelles. L’attrape-coquin, parfois appelé attrape-coquin à ressorts est une arme d'hast européenne médiévale utilisée pour capturer une personne par le cou. Une fois le cou pris dans l'anneau central, le prisonnier ne pouvait s'échapper sans se blesser.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41739611

LES INUTILES AU MONDE AU MOYEN ÂGE

La fin du Moyen Âge voit se développer la méfiance de la société et des autorités envers ceux qu’elles qualifient "d’inutiles au monde" : les oisifs, vagabonds et autres marginaux.
Cette catégorie, très vague peut être divisée en deux parties : la première est celle des déclassés : pauvres des villes et des campagnes ayant perdu leur travail, déracinés et réfugiés de guerre devenus mendiants ou errants et la deuxième est celle des délinquants qui ont choisi délibérément de vivre hors des normes sociales, soldats en rupture de ban, étudiants attardés tombés dans la criminalité (omme François Villon), piliers de tavernes et de bordels.
Entre les deux existe une infinité de variations qui font passer l’individu de la bonne renommée à l’infamie et de la norme à l’illégalité.
Dans la vie des hommes et des femmes du Moyen Âge, ces conditions ne sont pas pérennes et constituent souvent les étapes d’un long parcours vers les déclassements : de l’apprenti voleur, devenu un crocheteur professionnel au soldat chapardeur ou déserteur, finissant brigand de grand chemin.
Tous ces « inutiles au monde » ont en commun le déclassement et l’errance, la rupture des liens traditionnels des solidarités familiales ou professionnelles.
La société les condamne pour leur refus du travail qui s’oppose à l’ordre social « voulu par Dieu ».

Illustration : Saint Eloi donne ses biens aux pauvres, maître de la légende de saint Georges, XVe siècle. Moscou, musée Pouchkine. AKG-images.

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Message  Jean le noir Sam 20 Jan - 10:59

VOYAGER AU MOYEN ÂGE

Marco Polo A la découverte de l’Asie

Le Devisement du Monde qui relate le voyage de Marco Polo en Asie est un des grands textes du Moyen Âge.
Ce livre n’a cessé de captiver les ethnologues, historiens, géographes, explorateurs, et tous ceux qui se passionnent pour les mondes lointains.
Ce livre retrace le long périple du voyageur vénitien.

LE BESTIAIRE

Extraordinaire bestiaire de l’un des plus célèbres récits de voyage du Moyen Âge, "Le Devisement du monde" ou "Livre des Merveilles" (1299), de Marco Polo : licornes, dragons, léopards ou hommes-loups sont au rendez-vous !

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Le mot n’existe pas avant le XVe siècle, même si la société médiévale tout entière des nobles aux paysans, se livre à cette activité. On parle alors « d’itinéraire ».

PÈLERINAGE DE LA VIE HUMAINE

L’existence elle-même est comparée à un voyage : à chacun d’effectuer son pèlerinage de vie humaine.
A pied, à cheval, en chariot ou en bateau, les marchands, pèlerins, soldats, moines, troubadours… parcourent un monde qu’ils commencent à connaître grâce aux cartes et aux récits de voyageurs.
On ne voyage pas encore pour le plaisir, mais pour commercer, prier, conquérir, informer, voire enseigner.
Aux risques nombreux des déplacements, la société répond en organisant l’entretien des routes, le gîte, le couvert et la protection des voyageurs.
Ainsi la règle de St Benoît prévoit leur accueil dans les établissements monastiques.
Pour plus de sûreté sont aussi invoquées les puissances divines, les saints, la Vierge et Dieu lui-même que l’on priait ainsi : "Soyez nous une ombre contre le soleil, un manteau contre la pluie et le froid, soyez le bâton qui évite les chutes".
Depuis l’an mil, la paix de Dieu prévoit la libre circulation des marchands et des pèlerins, qui voyagent sous sauf conduit.
Leurs agresseurs étaient excommuniés, les assassins des pèlerins pendus.
Assistance généralisée et punition des empêcheurs de voyager en rond, tels sont les maîtres mots de cette civilisation nomade et itinérante qu’était le Moyen Age.

Visuel : Voyageur à pied, Paris BnF, ms Français 9140, f°182, détail.

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l'homo peregrinus

La notion de voyage est celle qui a été le plus fréquemment associée à la condition humaine.
Pour les chrétiens, l’homme est un peregrinus sur terre dans l’attente de la vie éternelle et, même de nos jours, le voyage renvoie au caractère passager et au devenir de la vie.
Ce n’est pas un hasard si l’énigme du sphinx porte sur la façon de marcher de l’homme, particulière à chaque période de son existence, ce qui fait du voyage une métaphore de la vie tout court.

Mais concrètement, comment voyageait-on au Moyen Âge ?

A partir du XIe siècle, l’Europe est parcourue par un flot d’itinérants de toutes professions et de toutes classes sociales.
Le mode de déplacement le plus répandu est la marche à pied, avec ou sans l’aide d’un animal de somme dans le cas de longs trajets.
La marche est spécifique aux pèlerins, pour lesquels la fatigue prend valeur de pénitence, mais vont aussi à pied les paysans et les petits commerçants, pour se rendre sur les places de marché voisines, et quelquefois les messagers et les soldats.
Un homme en bonne santé pouvait transporter une charge supérieure à celle d’un animal de selle, sans exigences particulières quant à l’état de la chaussée.
Si vous partez en voyage, c'est saint Jacques ou saint Christophe qu'il faut invoquer.

Visuel : Vitrail de saint Christophe, musée de Cluny, Paris-1430, ornait la chapelle de l'hôtel de Cluny au XVe siècle.

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Le pèlerinage de la vie humaine

Pèlerinage de la vie humaine de Guillaume de Deguleville, Paris ou Tours, 1475, Bibliothèque de Genève.
Guillaume de Digulleville ou Deguileville (vers 1295 - après 1358), est un moine et poète français du Moyen Âge.
Il s'est rendu célèbre par Les Pèlerinages (Le Pèlerinage de la vie humaine, Le Pèlerinage de l'Âme, Le Pèlerinage de Jésus Christ), trois longs poèmes sur le thème de l'Homo viator, homme voyageur, qui eurent un grand succès jusqu'à la fin du XVIe siècle.
Dans le premier, Le Pèlerinage de la vie humaine, commencé vers 1330, il décrit comment, après la lecture du Roman de la Rose, il eut une vision, l'emmenant dans un pèlerinage spirituel vers la Jérusalem céleste.
C'est cette vision de la luxure qui est suggérée dans l'enluminure par les personnages nus à gauche qui est représentée ici.

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A cheval

Pour ceux qui en avaient les moyens le trajet s’effectuait à cheval : c’est le cas des dignitaires de l’Eglise, des nobles et des commerçants aisés.
L’animal leur appartenait ou bien ils le louaient pour le temps de leur mission.

Visuel : Martin Schongauer (1450-1491)
Le départ pour le marché
Colmar, vers 1470-75, gravure au burin, Paris BnF-Département des Estampes.

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En cariole... ce n'est pas confortable et c'est parfois dangereux !

CHARIOTS ET CHARS DE VOYAGES

Les marchandises non périssables étaient transportées dans des chariots, couverts de bâches en cuir, tirés par des chevaux ou des bœufs, et c’est aussi ainsi que les malades, les femmes et les nobles entreprenaient les déplacements.

Visuel : Accident de l'antipape Jean XXIII en 1414 sur la route de Constance, relaté dans la Chronique du concile de Constance, écrite par Ulrich de Richental vers 1420. Manuscrit vers 1470. Vienne Osterreichische Nationalbibliotek. Cod. Nr. 3044, f° 34v.

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En cariole à bras et à cheval

Le cheval tient un rôle majeur mais les chariots à quatre roues, ancêtres des carrosses, et les litières luxueusement aménagées véhiculent les aristocrates, en particulier les femmes enceintes et les personnes âgées ou trop faibles pour monter à cheval.
Plusieurs chevaux, attelés en ligne ou en paires, tirent des charges importantes à bonne allure.
Sur les fresques du castello della Manta, Piemont, Saluces, des carioles entières amènent des vieux qui veulent rajeunir vers le bain de jouvence.
Zoom sur les vieux époux dont le mari est dans une brouette, qui se dirigent vers le bain de Jouvence du château de La Manta, fresque vers 1460.

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LE POUVOIR S’EXERCE À CHEVAL

L’autorité, quelle soit celle du roi ou du seigneur local, nécessite d’être réaffirmée périodiquement par des apparitions en public, et l’exercice même du pouvoir implique des voyages incessants.
Les fastueux cortèges d’entrées dans les villes, tout comme ceux des mariages ou des funérailles, deviennent des occasions de se montrer et de s’affirmer.
Le seigneur, qu’il soit laïc ou ecclésiastique, prince ou roitelet d’une région, se déplace souvent à cheval.

Visuel : Entrée de Charles VII à Toulouse, France 1442. Enluminure sur parchemin, Toulouse, Archives municipales.

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SELLES DU MUSÉE DU BARGELLO À FLORENCE

Au Moyen Âge, les déplacements et les combats s’effectuaient principalement à cheval, monture qui permettait aussi d’affirmer son rang social.
Toutefois, les selles richement ouvragées et décorées comme celles-ci n’étaient pas conçues pour de longs trajets ni pour des chevauchées confortables.
Ces deux pièces, qui proviennent des collections Médicis, se composent de bois et de cuir recouverts de plaques d’os, d’ivoire et de cuir, recouverts de plaques d’os, d’ivoire et de corne, ensemble particulièrement élégant mais assurément peu adapté à l’usage : l’objet manque de flexibilité pour répondre aux efforts et au poids du cavalier.
Il s’agit en fait de selles de parade, destinées à être exhibées et utilisées lors de déplacements déterminés et de courte durée.
Les selles du type que nous voyons ci-dessous étaient utilisées lors des tournois et des parades, ainsi que des mariages, très probablement dans le cortège triomphal organisé à cette occasion et appelé le domunductio : la mariée était solennellement accompagnée, depuis la maison paternelle jusqu’à celle de son époux, afin de célébrer par ce trajet symbolique son changement d’état, et d’arborer la précieuse dot.

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Quel cheval pour quelle occasion ?

Le cheval a une place à part dans le panthéon médiéval des animaux.
Lui qui accompagne les hommes à la guerre, aux champs ou simplement pour se déplacer, est indispensable à la vie quotidienne.
Il caractérise même une catégorie sociale et militaire à part entière : les chevaliers, qui ne le sont que parce qu'ils ont un cheval.
Au Moyen Âge, il existe en fait différents types de chevaux en fonction de leur rôle dans la société.

Le Destrier
Le destrier est un cheval coûteux, entraîné pour la guerre dès son plus jeune âge.
Il doit être en mesure de porter le chevalier et tout son harnachement, et mener des charges pendant les batailles sans avoir peur.

Le Coursier
Faute d'une telle monture, on peut privilégier le coursier qui a l'avantage de la vitesse, voire le roncin, plus commun et moins onéreux.

Le palefroi
Le palefroi est quant à lui un cheval de parade.
Comme la devinette du cheval blanc d'Henri IV, il arbore une robe claire, couleur de la noblesse.
Il est utilisé pour les cérémonies, notamment ce qu'on appelle les "entrées" royales.

La haquenée, monture des dames...
Cheval ou jument de taille petite à moyenne, la haquenée devait être facile à monter et se déplacer à l'amble.
Il s'agissait du « cheval des dames par excellence ».
Ces montures se déplaçaient avec légèreté et élégance, et devaient faire preuve d'une bonne vitesse au trot.

Le roussin ou roncin
Le roussin, de moindre valeur, sert occasionnellement de monture aux chevaliers les plus pauvres ou de cheval de bât.
L'utilisation du cheval pour la traction est accrue par la diffusion du collier d'épaule en Europe au XIIe siècle, permettant au cheval de trait de remplacer avantageusement le bœuf dans les exploitations agricoles.

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Alors, ça y est, c'est le départ ?

Le départ du fils prodigue,
Tapisserie - Pays Bas du sud, premier quart du XVIe siècle - Laine et soie, H275-l316- Paris musée de Cluny
.

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Les préparatifs du voyage

Chacun se prépare au voyage selon sa condition et la durée présumée du déplacement : - quelques nuits pour un pèlerinage à un sanctuaire régional ou un changement saisonnier de résidence aristocratique, - deux mois au minimum pour une foire lointaine, - plusieurs mois, voire plusieurs années, pour une ambassade, un pèlerinage outre-mer…
Pour de tels déplacements, mieux valait faire son testament : le voyageur pouvait fort bien mourir en route.

Pèlerins et leurs bagages. Paris BnF, ms Français 2829, XVe siècle.
Folio 102r Miracle d'un enfant aveugle... miniature représentant des pèlerins, un jeune aveugle et son compagnon, en partance pour Compostelle et le miracle qui s'en suivit pour le jeune garçon.
Vie et miracles de monseigneur saint Louis ou Livre des faits de monseigneur saint Louis Maître du cardinal de Bourbon.
Enlumineurs Maître du cardinal de Bourbon et Bourdichon, Jean (1457-1521).

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Les dangers du voyage

En plus des dangers naturels, passages des rivières, ponts mal entretenus, bacs peu sûrs ou gués glissants qui fournissent leurs lots d'accidents, les dangers humains complètent le tableau.
Bien que les seigneurs assurent en principe la protection de tous sur leurs terres, les brigands restent redoutables, même en temps de paix.
Qu'ils soient routiers, pirates ou bédouins, ils pillent, volent ou tuent les voyageurs isolés et les navigateurs solitaires.
Comment remédier à ces maux ?
Eviter les saisons extrêmes, voyager en groupe, être bien équipé et avoir de bons guides minimise les difficultés, mais ne les supprime pas.
Alors, comme toujours au Moyen Âge, l'homme s'en remet à Dieu.
Ainsi, avant le départ, sont bénis pèlerins, armées et bateaux auxquels on donne souvent le nom de la Vierge ou de saints protecteurs en guise de talisman.
Le chemin de Vie, Jérôme Bosch, Museo nacional del Prado.
Panneaux extérieurs du Triptyque du chariot de foin »1510–1516 .
Les panneaux extérieurs forment une seule image, généralement appelée Le Chemin de la Vie, alias Le Colporteur.
Le colporteur a pu être considéré comme une représentation de l'homme sur la route de la vie, en proie aux dangers et aux tentations de la vie terrestre.
Les scènes de l'avant et l'arrière-plan seraient alors à comprendre comme des représentations des dangers qui guettent le voyageur, qui pourraient le détourner du chemin, et le mener à sa perdition.

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VOYAGER AU MOYEN ÂGE / PÈLERINAGE

OÙ TROUVER LE GITE ET LE COUVERT ?


« Qui vous reçoit me reçoit » (Matthieu 10.40)
C’est au nom du principe fondamental de la charité chrétienne, cité dans l’évangile de saint Matthieu qui est rappelée à tous, l’obligation d’accueillir dignement les pèlerins de passage.
Ce sont en fait de multiples structures d’accueil qui se sont mises en place, au fil des siècles (du Ve au XVe siècle pour leur assurer le gite et le couvert, hostelleries ou salle des hôtes des abbayes et monastères (dès le Xe siècle), hôtel-Dieu dans les grandes villes, hôpitaux et hospices, maisons-Dieu et aumôneries (aux portes des cités ou en rase campagne), auberges…

Rondel vers 1500, Vitrail, grisaille et jaune d'argent -Entrée du pèlerin chez son hôte, musée de Cluny, Paris.

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Les enseignes de pèlerinage

Les enseignes de pèlerinage, comme les armoiries, les joyaux ou d’autres objets incorporables aux vêtements, étaient au Moyen Âge un élément de reconnaissance visuelle.
Elles furent produites en série à partir du XIIe siècle dans des matériaux économiques (étain et plomb).
Vendues bon marché au pied des sanctuaires, mais pas seulement aux pèlerins – rien n’empêchait qu’un marchand en achetât pour protéger son voyage et ses marchandises, les enseignes représentaient les lieux saints visités et évoquaient les expériences accumulées durant le pèlerinage.
L’enseigne était, avant tout, propre au voyageur, qui la conservait sur son habit ou son chapeau au moins pendant toute la durée du pèlerinage.
Après son retour, il faisait parfois partie d’une confrérie, celle de saint Jacques par exemple, et pouvait revêtir l’enseigne au moment de sa mort, afin d’être également reconnu pèlerin au moment du Jugement dernier.
La virtus du sanctuaire d’origine pouvait faire de l’enseigne une amulette pour protéger la maison, les biens, la famille, parfois en l’ensevelissant dans les fondations d’un nouveau bâtiment.
Elle était aussi souvent jetée comme ex-voto dans la rivière au retour du voyage.
Les petits objets en plomb en illustration ont été retrouvés dans la Seine !
Il s'agit d'enseignes de pèlerinage. Témoignages de piété et gages de réalisation du pèlerinage, ces souvenirs étaient attachés sur le vêtement ou le chapeau du pèlerin.
Elles sont parfois surnommées "plombs de la Seine" car elles ont été découvertes lors des dragages de la Seine au 19e siècle.
On pense qu'il était coutume de les jeter dans les rivières en guise de vœux.

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Matthew Paris, moine à Saint-Albans près de Londres, propose au début de sa chronique un itinéraire jusqu'à Jérusalem, passant par la France et l'Italie, où les villes étapes sont représentées de manière schématique.
Sur ce folio figurent notamment Saint-Denis, Paris, Nogent. Troyes, Auxerre et Sens.

Matthieu Paris, Itinéraire de Londres à Jérusalem, illustration de l'Historia Anglorum, Chronica majora, partie III, 1250-1259. Londres, The British Library, Royal MS 14 C VII, f°2v.

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LA POSTE

Boîtes de messagers

Le métier de messager nécessite un étui de transport des missives adapté aux aléas du voyage.
Ces boîtes de messager portent l’une les armoiries de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, l’autre celle de Jean d’Argies, contribuant tant de l’expéditeur que du porteur.
De petite taille, elles sont néanmoins suffisantes pour leur fonction.

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A TOUTE DILIGENCE

La poste se développe au XIVe siècle en partie grâce à la politique.
Dans les années 1470, le roi Louis XI crée pour ses 250 chevaucheurs une route postale dotée de relais.
Le service du transport du courrier de Charles le Téméraire compte une cinquantaine de chevaucheurs et de coureurs à pied qui portent les messages à toute diligence, à raison de 70 km par journée de voyage, voire à « toute extrême diligence », jusqu’à 90 km/jour.
Une nouvelle, partie de Bruges atteint Lille dans la journée et Paris, au bout de 3 à 4 jours.

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Du mal à voyager léger ?

Que dire alors des cours seigneuriales itinérantes du Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIe siècle ?
Ces cours seigneuriales transportaient dans leurs déplacements tout leur mobilier et ustensiles.
Les grands coffres servaient à la fois de meubles et de bagages.
Les objets les plus précieux étaient conservés dans de petites boites en bois ou en métal, parfois de même forme que les coffres de voyage mais en miniature…
Les voyageurs transportaient avec eux toutes sortes d’objets : du chandelier pliant en passant par des reliquaires ou petits retables portatifs pour la dévotion et la prière …

A LA RENAISSANCE :

Déplacement d'une cour d'environ 8000 personnes vers le château d'Anet, à l'époque d'Henri II, vers 1570.
Comme l’a montré le peintre Antoine Caron dans sa gravure ci-dessous, la cour en mouvement comptait aussi une grande variété d’animaux, depuis les chevaux, mules et mulets qui assuraient les déplacements, jusqu’aux chiens de meute et oiseaux de haut vol, sans compter tous les animaux familiers dont raffolaient les princes : chiens grands et petits, perroquets et autres volatiles exotiques, ou encore les « bestes sauvages » de la ménagerie royale.
Il faut ajouter à cela, des chariots remplis de meubles, de tentures et de tapisseries, puisque les meubles, eux aussi, accompagnaient leurs possesseurs.
Tout ce monde cheminait à la vitesse d’un homme à pied sur les routes du royaume, parfois défoncées en hiver, ou voguait plus confortablement sur les rivières, en particulier sur la Loire, que l’on pouvait descendre et remonter à la voile.
Ils ne trouvaient le plus souvent aux étapes que des logements sommaires en dépit des efforts des maréchaux des logis et de leurs fourriers.
Aussi, la correspondance des diplomates étrangers s’apparente un peu à une sorte de guide hôtelier où les « étoiles » se font rares.
Ainsi l’on comprend aisément pourquoi Benvenuto Cellini, qui avait dû coucher plusieurs fois « alla frescata », compara la cour de France en voyage à une "tribu de romanichels".

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41873610

le retour

Si le voyageur médiéval rapporte des souvenirs, ce n'est pas par goût de l'exotisme.
Pour le pèlerin, c'est rapporter un témoignage, voire la preuve, de l'accomplissement de son voeu.
Pour le voyageur lettré ou l’ambassadeur politique, c’est manifester son goût pour les curiosités historiques, artistiques ou géologiques et faire preuve, dès le XVe siècle, d’un sens de l’archéologie.
Des mots entendus en Orient vont ainsi intégrer notre langue : noms d’étoiles (Althaïr, Véga, Bételgeuse) ; termes d’orientation (azimut, zénith) ; noms d’aliments (sukkar, le sucre ; al-barquq, l’abricot ; al-kohl, l’alcool)…
A l’orée du XVe siècle, roi de France et princes invitent des artisans maures à venir décorer leurs châteaux, à la manière arabe, de carreaux de faïence bleue et de pavements étoilés.

Visuel : Le souk, Paris BnF, ms Suppl. Turc 978,f°41, Iran 16es.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41751910


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Message  Jean le noir Sam 20 Jan - 11:08

IL N'Y A QUE MAILLE QUI M'AILLE

Jaseran ou chemise de mailles composite avec plaques et son camail de mailles, Inde, XVIe siècle.
Cette chemise de maille composite est typique des armements utilisés par les Ottomans au cours du XVe siècle, les plus anciens ensembles sont précieusement conservé au Musée du Palais Topkapi d’Istanbul, au Musée de l’Armée à Paris, ou au Metropolitan Museum de New York.
Assez lourde, l’armure est conçue pour convenir à des cavaliers ou des combattants à pied pour des combats polyvalents, excluant les frappes à lance couchée qui caractérisent les armures européennes.
Les anneaux sont rivetés et ont reçu un traitement thermique pour les durcir et chacun d’eux est différent, en section épaisseur, profil et dureté, afin de correspondre à des zones techniques sur le corps.
Ces armements et cette technologie vont perdurer dans les mondes arabes mais aussi dans les Balkans et chez les combattants slaves, et même jusqu’au Tibet, mais aussi en Inde.
Cet exemplaire représente une typologie complexe d’enchevêtrement de plates et de mailles appelé « jaseran » en Europe et qualifiant parfois des « hauberts jaserans » ou des « plates jaseranes ».
Jeanne d’Arc est mentionnée comme ayant utilisé une telle armure de buste après avoir été blessée par un vireton d’arbalète, pour être plus à l’aise et user d’un harnois léger et plus pratique que la cuirasse close.
De tels objets sont rares et peu connus, ou identifiés, et malgré leurs similitudes, présentent un très large panel chronologique et culturel.
Ces éléments représentent assez bien le corps armé ottoman du temps du duc de Bourgogne Philippe le Bon, parmi les premiers princes d’Europe à avoir collectionné des armements turcs et ottomans.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41920110 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41924010

L'ARGENT ET LA MAILLE D'ARGENT DANS L'HISTOIRE :

L'argent est un métal tendre et malléable, à l'éclat blanc.
C'est l'un des premiers métaux connus : on l'exploitait déjà 2500 ans avant JC.
Son nom vient du mot latin "argentum", tiré lui-même du grec "argos", qui signifie" brillant.
Les alchimistes l'appelaient "Métal de la lune" et "Métal de Diane".
Dans l'Antiquité, il était utilisé pour la monnaie et comme métal d'ornement, notamment pour fabriquer des miroirs.

De nos jours, l'argent est utilisé principalement en bijouterie mais aussi dans l'industrie pour, par exemple, recouvrir la surface des miroirs de télescopes.
l'argent possède une action germicide et bactéricide.
Historiquement, il était employé pour les ustensiles destinés aux enfants afin de les protéger contre les maladies dont l'origine n'était pas connue à ces époques.
L'expression "naître avec une petite cuillère en argent dans la bouche" vient de ce phénomène.

CHEMISES DE MAILLE ET COTTES DE MAILLE

Le nom "maille" est dérivé du latin "macula" qui signifie "filet".
Les premières traces de mailles remontent aux Etrusques, il y a plus de 3000 ans.
Autour du 2e siècle avant JC, les Romains découvrirent les premières chemises de mailles "européennes", portées par des guerriers Gaulois.
Rome l'adopta rapidement en tant qu'armure pour ses troupes.
Les chemises de maille romaine étaient appelées Lorica Hamata.
La famille des mailles dites "Européennes" était traditionnellement utilisée pour la confection de cottes de maille et de bijoux à travers toute l'Europe et le Moyen Orient.
La maille Européenne se caractérise par un alignement des anneaux sur le même plan, un peu comme le courant d'une rivière.
Le modèle ci-dessous est une maille dite "4-1" : Chaque anneau est relié à 4 autres anneaux.
La famille des mailles dites "Japonaises" était traditionnellement utilisée pour la fabrication d'armure et d'objets de décoration.
La maille Japonaise se caractérise par des anneaux assemblés en quinconce. Ils sont reliés entre eux par des anneaux connecteurs verticaux plus petits.
La maille persane
La famille des mailles dites "Persanes" est basée sur un empilement des anneaux par paires.
Malgré son nom, aucune preuve historique ne permet d'affirmer que ce type de maille ait jamais été utilisée en Perse ou en Iran.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41891911 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41933410

La chaîne saxonne


Cette longue chaîne massive en forme de ruban se compose de quarante-six maillons ovales dorés à l’argent.
Chacun des maillons imbriqués est constitué d’une large et épaisse bande d’argent avec des bords de profil moulés de chaque côté, deux fois tordus pour former une forme presque rectangulaire, puis dorée.
Appelées chaînes à ruban, ce type de chaîne est également connu sous le nom de « Hobelspankette », ce qui signifie « rasage du bois », en référence à la forme des éléments incurvés individuels.
Populaires parmi l’aristocratie allemande, les patriciens riches et les classes marchandes, ces colliers sont fréquemment représentés dans des peintures d’artistes allemands tels que Granach, Conrad Faber von Kreuznach (1495-1558) et Barthel Beham (1502-1540).
Bien que presque omniprésentes dans les portraits de la Renaissance allemande, ces chaînes sont maintenant étonnamment rares.
Au fur et à mesure que les modes changeaient, elles étaient souvent fondues et réutilisées pour de nouveaux bijoux.
Ou l’évolution des conditions économiques a conduit à leur démontage (les documents d’époque indiquent que chaque maillon d’une chaîne a été pesé dans une certaine mesure afin qu’il puisse être retiré et utilisé comme monnaie).
Une analyse scientifique de ce collier a prouvé que le métal utilisé date du XVIe siècle.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41920410 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41928410 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42004910

Cotte de maille

TAPISSERIE DE L'APOCALYPSE DU CHÂTEAU D'ANGERS

Les myriades de cavaliers venus de l'Enfer (la cinquième trompette)
Revêtus d’armures conformes à celles de la fin du XIVe siècle, des cavaliers déferlent sur une foule épouvantée et écrasent tout sur leur passage (la cinquième trompette de l'Apocalypse).
Ces cavaliers issus de l'enfer infligent aux pécheurs impies, en plus des douleurs morales, des tortures physiques de la guerre entre les hommes.
Edward de Woodstock, surnommé le Prince Noir, était un chevalier anglais sanguinaire ennemi de Louis Ier d'Anjou, pendant la guerre de Cent Ans.
Richement harnaché, on peut reconnaître le Prince Noir dans la tapisserie de l'Apocalypse commandée par Louis en 1375.
Le premier cavalier tient un bouclier, porte une cotte de mailles et un haubert (coiffe protégeant la tête et le cou) ; un heaume, grand casque de combat, muni d’une visière mobile est posé par-dessus.
Sa monture a une tête de lion.
De sa gueule sortent du feu, de la fumée et du soufre.
Tout à fait à gauche, un autre cavalier est un Sarrasin, il porte une coiffe et un cimeterre ainsi qu'une cote verte (couleur de l'Islam) et illustre l'ancien monde des croisades.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41920411

Origine de l'expression : "Avoir maille à partir" avec quelqu'un

La "maille" dont il est question ici est une monnaie, la plus petite qui existait sous les Capétiens, alors que "partir" signifiait partager.
On ne pouvait donc pas la partager.
Ceux qui devaient le faire finissaient toujours par se disputer.
Aujourd'hui, l'homonymie entre maille (monnaie) et maille (tricot) et partir (partager) et partir (s'éloigner, s'en aller) a permis à l'expression de subsister.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41929810
Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42006310

Le jeu de "mail" ou de "maille"

Un mail (du latin malleus) est un ancien mot pour marteau.
Le mot maillet est resté en usage et signifie "petit marteau".
C'est précisément d'un long petit marteau flexible dont on se servait pour pousser une boule (de buis), dans le "jeu de mail". (prononcer "maille").
La plus ancienne trace écrite liée au jeu de mail est un texte en latin datant de 1416.
Très pratiqué en France et en Italie dès le Moyen Âge, il atteint son apogée en France au XVIIe siècle.
Brantôme raconte que ce jeu était très prisé par le roi Henri Il et plus tard il le sera également par Louis XIV.
le jeu atteint l'Angleterre au XVIIe siècle sous le nom de "Pall Mall".
IL est à l'origine du golf, du croquet et même du billard, ce sport pouvait se pratiquer en individuel ou par équipes.
Joueur de maille et son page, 1550, Francesco Becaruzzi.
Une batte dans une main et une balle dans une autre, le joueur de "maille" se tient dans une pose assurée tandis que son page est en train de lacer sa culotte.
Nul doute qu’il se prépare pour le match.
Pour être un bon joueur de "maille", il fallait avoir une colonne vertébrale solide, une bonne vue et des bras vigoureux".
En arrière-plan, une vue de la place principale de Trévise en Italie.

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Message  Jean le noir Mar 23 Jan - 9:19

UN COMPTE D’APOTHICAIRE

Au Moyen-âge,
Le mot apothicaire vient du latin apotheca qui désigne une réserve, cave ou cellier.
Dès le XIIIe siècle, on appelle apotecaire celui qui prépare ou vend des drogues.
Ces remèdes sont composés de plantes médicinales, les "simples", d’épices ou de sucre, denrées rares et onéreuses.
Les potions et médecines aux recettes complexes sont vendues fort cher, l’apothicaire n’hésitant pas à gonfler les prix de ses denrées exotiques.
Rapidement, on prend l’habitude de négocier les prix qu’il demande, de sorte que payer devient souvent compliqué.
A la fin du XVIIe siècle apparaît le nom "pharmacien" qui remplace celui d’apothicaire définitivement dans le courant du XIXe siècle.
Le mot apothicaire n’est plus utilisé de nos jours, excepté dans l’expression : "un compte d’apothicaire" qui désigne une négociation mesquine et difficile.

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Message  Jean le noir Mar 23 Jan - 10:44

LE TRUAND ET LA TRUANDERIE

Qu'était la "truanderie" au Moyen Age ?

Nous avons à Paris, la Rue de la Grande-Truanderie, 1er arrondissement.
Il existe aussi la rue de la Petite-Truanderie à Paris, qui donne dans la voie de la grande truanderie.
Le nom de la rue est trompeur, car le mot « truand » ne possédait pas, au Moyen Age, le même sens que de nos jours.
Il désignait en effet autrefois un vaurien, un vagabond qui mendie par fainéantise, qui « gueuse » comme on disait alors dans « le roman de la rose » :
«Quand je vois nuds ces truands
Trembler sur des fumiers puants »…
« la truanderie » était donc un lieu où l’on rencontrait mendiants, gueux, désoeuvrés et accessoirement, diseuses de bonne aventure, voleurs à la tire ou prostituées (tous attirés par la proximité des anciennes halles et la Bourse du commerce.
Truand vient du celtique « tryan » (vagabond) ; on retrouve cette acception du terme dans l’expression anglaise : to play truant (faire l’école buissonnière).
Dans une Histoire de France de 1557, la rue de la truanderie apparaît citée sous le vocable de "via mendicatrix major" (principale rue mendiante).
On y trouvait des tire-laine (voleurs de manteaux) et des vide-goussets (pickpockets).

Visuel : Combat de carnaval et de Carême, détail, Pierre Brueghel l'ancien, 1559

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Message  Jean le noir Dim 28 Jan - 21:06

LA MONNAIE FIDUCIAIRE AU MOYEN ÂGE

Au Moyen Âge, la monnaie est dite réelle : c’est-à-dire que la valeur de chaque pièce vient du pourcentage de métal précieux qu’elle comporte.
Tout en haut de la hiérarchie, bien sûr, l’or, métal rare dans l’Europe médiévale, suivi de près par l’argent – d’où, évidemment, le mot même d’argent pour désigner la monnaie, car pendant des siècles c’était la même chose !
La valeur d’une monnaie se mesure alors à son poids et à son aloi, autrement dit à son alliage : plus elle est pure, plus elle vaut.
Les monnaies sont « sonnantes et trébuchantes » : il faut les voir, les toucher, les peser (avec le fameux trébuchet), mordre dedans pour vérifier qu’elles sont authentiques.
À la fin du XIIIe siècle, un certain Marco Polo, célèbre marchand vénitien, décrit la fabrication de « papier-monnaie » par l’empereur de Chine : il s’agit en effet d’une technique alors inconnue en Occident – et qui, de fait, restera inconnue pendant encore plusieurs siècles.
Les Européens n’ont pas encore assez confiance dans ces monnaies virtuelles.
La monnaie du Grand Khan n’est ni d’or, ni d’argent, ni d’autre métal.
On se sert pour la faire de l’écorce intérieure (le liber) de l’arbre qu’on appelle mûrier, qui est celui dont les feuilles sont mangées par les vers qui font la soie.
Cette écorce, fine comme papier, étant retirée, on la taille en morceaux de diverses grandeurs, sur lesquels on met la marque du prince, et qui ont diverses valeurs depuis la plus petite somme jusqu’à celle qui correspond à la plus grosse pièce d’or.
L’empereur fait battre cette monnaie dans la ville de Cambalu, d’où elle se répand dans tout l’empire : et il est défendu, sous peine de la vie, d’en faire ou d’en exposer d’autre dans le commerce, par tous les royaumes et terres de son obéissance, et même de refuser celle-là.
Il n’est pas permis non plus à personne venant d’un autre royaume qui n’est pas sujet au Grand Khan d’apporter d’autre monnaie dans l’empire du Grand Khan.
D’où il arrive que les marchands qui viennent souvent des pays éloignés à la ville de Cambalu apportent de l’or, de l’argent, des perles et des pierres précieuses, qu’ils troquent contre cette monnaie impériale ; mais, parce qu’elle n’a point cours en leurs pays, quand ils veulent s’en retourner, ils en achètent des marchandises qu’ils emportent en leurs pays. Le roi commande quelquefois à ceux qui restent à Cambalu qu’ils aient à porter leur or, leur argent et leurs pierres précieuses sans retardement entre les mains de ses officiers, et en recevoir la t en recevoir la juste valeur en la monnaie susdite.
De là il arrive que les marchands et les habitants n’y perdent rien ; et que par ce moyen le roi tire tout l’or et se fait de grands trésors.
L’empereur paye aussi en cette monnaie ses officiers et ses troupes ; et enfin il en paye tout ce qu’il a besoin pour l’entretien de sa maison et de sa cour.
De sorte qu’il a fait d’une chose de rien beaucoup d’argent et qu’on peut faire aussi beaucoup d’or et d’argent avec cette misérable monnaie.
Ce qui fait qu’il n’y a point de roi au monde plus riche que le Grand Khan, car il amasse des trésors immenses d’or et d’argent, sans dépenser rien pour cela.
Cette monnaie virtuelle doit donc être imposée par la force.
Et ce même en Occident, pourtant si attaché à la valeur réelle des monnaies…
En 864, Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, lance en effet une grande réforme monétaire : le denier d’argent pèsera désormais un peu moins, mais vaudra autant qu’avant. Cela revient à virtualiser quelque peu la monnaie, à dire aux gens « faites comme si cette pièce plus légère valait autant que la pièce plus lourde ».
Eh oui, même les monnaies réelles du Moyen Âge sont en réalité déjà un peu virtuelles…
Et, comme le Grand Khan, Charles doit recourir à la force pour imposer cette réforme : « l’homme qui rejette les deniers purs et de bon poids doit être dénoncé aux serviteurs de l’Etat et il sera puni.

Représentation imaginaire, faite par un enlumineur du XVIe siècle. Sur la monnaie en écorce de mûrier du Khan, placée dans des sacs de toile, des experts frappent avec marteau et poinçon pour y mettre l'empreinte du sceau de l'empereur et authentifier cette nouvelle monnaie.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42004710

Sommes-nous à la veille d’oublier notre monnaie « sonnante et trébuchante » ?
Comment alors, donnerons-nous les pourboires au restaurant, l’aumône aux mendiants devant les églises ?
Tout sera silencieux, monétique.
Peut-être porterons-nous encore des louis d’or en bagues ou en pendentifs ?
Pourtant, depuis l’Antiquité, on frappe monnaie, on utilise les pièces de monnaie.
Point n'est besoin d'être grand clerc pour comprendre pourquoi on parle d'espèces 'sonnantes'.
Quiconque aura déjà manipulé des pièces de monnaie, à la manière de Blaze devant Don Salluste de Bazan dans le film "la folie des grandeurs", aura compris que cette monnaie fait un bruit reconnaissable lorsque les pièces s'entrechoquent, à la condition qu'elles ne soient pas fausses (Ex : ajout de platine, par exemple)
Mais pourquoi utilise-t-on aussi le qualificatif 'trébuchantes' ?
Oncques on ne vit une pièce de monnaie déambuler, puis trébucher et se casser lamentablement la figure.
Vous avez sans doute déjà entendu ou lu le terme 'trébuchet' sans forcément savoir ce qu'il signifie ou, du moins, sans en connaître toutes les significations.
Celle qui nous intéresse ici vient du XIVe siècle où un 'trébuchet' était une petite balance à plateaux servant pour la pesée de petits poids comme de l'or, de l'argent ou des bijoux.
Une pièce 'trébuchante' se disait d'une pièce dont on avait pu constater qu'elle avait le poids requis après qu'elle a été 'trébuchée' c'est-à-dire pesée sur un trébuchet.
C'est à partir du XVIe siècle que des espèces sonnantes et trébuchantes a été une manière plaisante de désigner de bonnes vraies pièces de monnaie avant, par extension, de désigner l'argent liquide, tous supports confondus, par opposition aux chèques, cartes bancaires, virements et autres moyens de paiement.

Tableau : Quentin Metzys : le changeur et sa femme- 1517- Musée du Louvre.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41931210

La monnaie de Paris

La Monnaie de Paris a été créée en 864 par Charles II (dit le Chauve), ce qui fait de l'institution la plus ancienne entreprise du monde.
Rien que ça.
Dès 1358 se dessine une structure qui, dans son principe, va se perpétuer jusqu’en 1879 : d’une part une administration dotée d’un pouvoir de juridiction et de réglementation en matière monétaire, d’autre part des ateliers placés sous le contrôle de l’État.

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 41929510 Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42007110

Les faux-monnayeurs
Fabriquer de la fausse monnaie en contrefaisant les monnaies royales est devenu un crime de lèse-majesté.
Au Moyen-Age, la peine encourue par les faux-monnayeurs était d’être bouillis dans un chaudron !

Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42005510
Un jour, un mot, une histoire médiévale - Page 12 42007510

L'ARGENT ET LA MORALITÉ - LE CAPITALISME À LA FIN DU MOYEN ÂGE

L'argent médiéval, les commerçants et la moralité illustre la révolution économique qui a eu lieu à la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance.
Le commerce s'est déroulé à une échelle sans précédent, des banques ont été créées et les pièces de monnaie prolifèrent comme jamais auparavant.
L'utilisation généralisée de l'argent dans la vie quotidienne a transformé tous les aspects de la société européenne, y compris ses valeurs et sa culture : les attitudes envers les pauvres et les avaricieux, l'aumône, l'accumulations de "trésors", les pratiques de prêt controversées et la gestion de l'argent.

Visuel : Batteur d'or : Feuille d'un registre des créanciers d'une société de prêt bolognaise, Italie, Bologne, ca. 1390-1400. Une seule feuille. La bibliothèque et le musée Morgan, MS M. 1056, les amis. Détail 1v.

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Message  Jean le noir Lun 29 Jan - 14:05

Isoler les lépreux au Moyen Âge

Au Moyen Âge, il existe bien une pensée de la contagion. .
Simplement, la notion est alors beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui.
Elle englobe le contact physique avec le malade, le regard – oui, on considère alors qu’on peut tomber malade en regardant un malade ! -, le fait de respirer un air corrompu, d’utiliser des vêtements infectés, etc.
Certes, il faut attendre le XIXe siècle pour identifier précisément les microbes, à l’origine de ces maladies.
Mais reste que dès le XIIe siècle on a bien compris que certaines maladies étaient « contagieuses » : c’est notamment le cas de la lèpre (sachant qu’on range sous ce terme à l’époque toute une série de maladies de peau en réalité très différentes).
Vers 1250, Thomas d’Aquin note par exemple qu’un couple dont l’un des époux est lépreux a le droit de divorcer, car la lèpre est une « maladie contagieuse » (morbus contagiosus). Dans la traduction du Canon d’Avicenne, l’ouvrage le plus utilisé en médecine pendant six siècles, la lèpre est une maladie « invasive » (invadens).
Dès lors, la proximité des lépreux devient inacceptable.
Et du coup, on les isole.
A partir du XIIe siècle, des léproseries se multiplient en Europe pour accueillir les malades.
Elles sont souvent gérées par des moines, notamment de l’ordre de saint-Lazare, d’où le nom de « lazaret ».
Contrairement à une image répandue, ce ne sont en aucun cas des mouroirs, mais plutôt des établissements propres et bien gérés, disposant souvent de fonds confortables grâce à la charité des riches voisins.
On ne guérit pas de la lèpre.

Visuel : Maladrerie, Vincent de Beauvais, lépreux demandant l'aumône. Miroir Historiale, XIVe siècle BnF.

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Message  Jean le noir Lun 29 Jan - 16:30

BÉATRICE CENCI

LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES

Ici le magnifique portrait de Beatrice Cenci, aristocrate romaine du XVIe siècle qui tua son père abusif.
Surnommée la « Belle Parricide », elle fut décapitée à l’âge de vingt-deux ans malgré les protestations du peuple et devint un symbole de résistance.
Cette histoire tragique inspira des œuvres picturales, littéraires, musicales et dramaturgiques.
Mais pourquoi le sort de cette jeune fille au regard doux, presque enfantin nous interpelle tant ?
Beatrice Cenci est la fille de Francesco Cenci, un aristocrate qui, en raison de son tempérament violent et d'un comportement immoral, s'était souvent trouvé confronté à la justice papale.
La famille Cenci a vécu à Rome au Palais Cenci, construit sur les ruines d'un château fort médiéval situé dans le rione de Regola, à proximité du ghetto juif de Rome.
Dans ce palais, avec Béatrice et son père Francesco, vivaient Lucrezia Petroni (seconde femme de Francesco), Giacomo (frère aîné de Beatrice) et Bernardo (le deuxième garçon né du mariage de Francesco et Lucrezia Petroni).
Parmi leurs autres possessions figurait le château de La Rocca de Petrella Salto, un village près de Rieti, au nord de Rome.
Selon la légende, Francesco Cenci, personnage au tempérament violent et au comportement immoral, ayant abusé de son épouse et de son fils, était sur le point de commettre l'inceste avec Beatrice.
Il avait été emprisonné pour d'autres crimes, mais, grâce à la clémence dont les nobles bénéficiaient, il avait été rapidement libéré.
Beatrice avait essayé à plusieurs reprises, mais en vain, d'informer les autorités sur les agissements de son père.
Quand celui-ci découvrit les accusations de sa fille à son encontre, il envoya Beatrice et Lucrezia vivre dans le château de famille loin de Rome.
Les quatre membres de la famille Cenci estimèrent qu'ils n'avaient pas d'autre choix que d'essayer de se débarrasser de Francesco et tous ensemble organisèrent un complot.
Le 9 septembre 1598, au cours d'un séjour au château de Francesco, deux vassaux (dont l'un était devenu en secret l'amant de Beatrice) avaient empoisonné celui-ci, mais cela n'avait pas suffi pour le tuer.
Afin de l'achever, Beatrice, sa mère, ses frères et sœurs avaient frappé Francesco avec un marteau jusqu'à ce que mort s'ensuive puis avaient jeté le corps par-dessus un balcon afin de simuler un accident, mais personne ne crut à cette thèse.
Dès que son absence fut remarquée, le pape dépêcha la police papale afin d'enquêter sur l'affaire.
L'amant de Beatrice fut torturé et mourut sans révéler la vérité.
Pendant ce temps, un ami de la famille, qui était au courant de l'assassinat, ordonna le meurtre du deuxième vassal pour éviter tout risque, mais le complot fut tout de même découvert.
Les quatre membres de la famille Cenci furent arrêtés, reconnus coupables et condamnés à mort.
Le peuple de Rome, au courant des raisons de l'assassinat, protesta contre la décision du tribunal et obtint une suspension de l'exécution.
Mais le Pape Clément VIII refusa la grâce et, le 11 septembre 1599 à l'aube, les condamnés furent conduits au Pont Sant'Angelo où se situait l'échafaud.
Giacomo eut la tête écrasée sur le billot d'un coup de maillet, puis il fut démembré et ses membres accrochés aux quatre coins de la place.
Ensuite arriva le tour de Lucrezia et de Beatrice, amenées sur le billot où elles furent décapitées à l'aube à l'aide d'une espèce de guillotine appelée mannaya.
Seul le jeune garçon fut épargné.
Conduit à l'échafaud afin d'assister à l'exécution de ses proches, il fut ensuite ramené à la prison pour y purger sa peine à vie.
Il fut finalement libéré une année plus tard.
Quant à ses biens, ils furent confisqués au profit de la famille du pape.
Beatrice fut enterrée dans l'église de San Pietro in Montorio à Rome.
Sa tête coupée reposait sur un plat d'argent.
La tombe fut profanée en 1798 par les soldats de Bonaparte qui fouillaient les sépultures à la recherche d'objets précieux et de plomb pour fondre des balles.
La tête de Beatrice disparut à ce moment-là.
Le procès fut suivi avec grand intérêt par l'opinion publique, qui manifesta une grande sympathie pour les accusés et Beatrice en particulier, frappait par sa beauté et sa jeunesse, et une légende s'est immédiatement créée autour d'elle, qui en a fait une héroïne : on disait aussi qu'elle avait supporté la très dure torture, ne cédant qu'à la fin.
Lors de l'exécution des Cenci, qui eut lieu sous un soleil particulièrement étouffant, certains spectateurs sont morts d'insolation.
La victime la plus célèbre fut le jeune aristocrate Ubaldino Ubaldini, dont Francesco Domenico Guerrazzi et Stendhal (dans ses Chroniques italiennes) rapportent le décès.

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Message  Jean le noir Mar 30 Jan - 14:10

Venise, le verre et les lunettes

di Loredana Giacomini,experte au musée de la lunette à Pieve di Cadore, Italie.
Besicles et clouants, ancêtres de nos lunettes.

LE VERRE À VENISE ET LA PRIMAUTÉ DE LA CRÉATION DES LUNETTES DE VUE

Venise est connue dans le monde entier pour le verre, les verreries ainsi que les productions d’artisans et d’artistes liées à ce matériau.
On sait peut-être moins que, parmi les nombreux records accumulés au cours des siècles, Venise a également eu celui de la création des lunettes de vue.
L’importance d’une bonne vue et la solution à ses problèmes n’a été progressivement résolue qu’au cours des derniers siècles.
Les chercheurs se demandent depuis longtemps à qui revient le mérite de la fabrication des premières lunettes correctrices liées aux problèmes de vue.
Aujourd’hui, cette primauté a tendance à être attribuée à Venise sur la base de témoignages, de documents et de peintures.
De toute évidence, on parlait d’optique depuis des siècles et des objets de grossissement et similaires étaient probablement connus depuis longtemps, déjà à l’époque gréco-romaine. Pline l’Ancien (1er siècle après J.C.) raconte que Néron regardait les spectacles des gladiateurs à travers une émeraude, et Sénèque, le précepteur de Néron, savait qu’une bouteille sphérique remplie d’eau agrandissait les images.
L’Arabe Alhazen (fin du 10e siècle) avait compris et écrit que même un seul segment sphérique de verre les agrandissait.
Alhazen a été traduit en latin au 12e siècle et cela a certainement contribué à faire les derniers pas dans la direction qui nous intéresse.
Dans la littérature et les arts médiévaux nous avons des informations sur l’existence de loupes avant le 13ème siècle, mais la différence entre la loupe et les lunettes est importante car la loupe se réfère à l’objet regardé tandis que les lunettes se réfèrent à l’œil.
Contrairement à une loupe, les lunettes ne grossissent pas les objets, mais corrigent les défauts oculaires.

DOCUMENTS POUR L’IDENTIFICATION DE LA PATERNITÉ

Les capitulaires des Arts vénitiens de l’an 1300, qui se trouvent dans les Archives d’État de Venise, sont fondamentaux pour trancher la question de la paternité (ou la maternité) des premiers verres, qui, sous la rubrique « cristalliers » (c’est-à-dire cristallai, les artisans du cristal de roche) distinguent clairement les « verres pour les yeux » des « pierres de lecture » (les loupes en cristal de roche étaient appelées « pierres »).
Dans le même document, le premier au monde trouvé à ce jour et concernant les lunettes, on interdit la falsification avec du verre de ce que les cristalliers faisaient avec du cristal de roche.
Dans un Capitulaire successif des Cristalliers, de 1301, toujours dans les archives vénitiennes, les verreries qui utilisent du verre pour les lunettes sont autorisées à travailler sans être accusées de contrefaçon.
Ils ne devaient pas vendre le verre pour du cristal de roche mais préciser la différence entre les deux afin d’éviter une concurrence déloyale avec leurs collègues qui travaillaient le cristal de roche.
On ne peut peut-être pas exclure que le transfert des usines de verre de Venise à Murano en 1289, en plus d’éviter les incendies dans la ville, a également été imposé pour faciliter la vigilance sur les nouvelles découvertes, y compris celle des verres de lunettes fabriqués autour de 1285.
La Toscane, la région où l’Ordre Dominicain a eu une grande importance concernant la diffusion initiale des lunettes, a été l’autre région décisive pour leur production.
Certains spécialistes du passé ont également essayé d’attribuer la paternité de la création des verres à la Toscane, mais il me semble maintenant clair que l’origine est vénitienne.
Dans la Chronique du Couvent Dominicain de Santa Caterina di Pisa, on dit que le frère Alessandro da Spina, décédé en 1313, savait « refaire ce qu’il avait vu faire » et « a fait les lunettes vues faire par d’autres » qui voulaient garder le secret de fabrication alors que lui, il l’a révélé.
Un autre document incriminé fait référence au discours, tenu à Florence en 1305 par l’un de ses frères du même couvent dominicain, le frère Giordano da Rivalto (village toscan), dans lequel le moine précise que l’art de la fabrication des lunettes a été trouvé environ 20 ans avant, par une personne qu’il connaissait et également à qui il avait parlé.
Il est à exclure que l’inventeur soit son confrère Alexandre car il l’aurait mentionné avec fierté.
Cependant, on peut dire que la diffusion a eu lieu simultanément en Vénétie et en Toscane, régions désormais prêtes, et à partir de là, elle s’est étendue à l’Europe, en particulier en Allemagne et dans les Flandres, grâce tout d’abord aux vendeurs ambulants, ensuite aux commerçants internationaux et enfin en orient.

Jan van Eyck (1390-1441), la Vierge au chanoine, 1434-36
-Antonio Pisanello (1395-1455), trois têtes d'hommes, l'un portant des bésicles, 1ère moitié du XVe siècle.
-Friedrich Herlin (1430-1500), Saint-Pierre, 1466?
-Ludevico Mazzolino (1480-1528)
-La circoncision, vers 1520
-Marinus Van Reymerswaele (1490-1546), les percepteurs d'impôts,1540.
-Simon Bening, auto-portrait (1483-1561), 1568.
-Maître El Parral, Saint-Jérôme dans le Scriptorium, 1480-1490. jJ

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Message  Jean le noir Mer 31 Jan - 16:01

Agnès Sorel, la grand-mère de l'Europe

Agnès Sorel était une demoiselle d’honneur d’Isabelle Ire de Lorraine, épouse de René d’Anjou.
Elle devient en 1443 la favorite du roi de France Charles VII, à qui elle donne trois filles qui seront légitimées comme princesses de France et mariées à des grands seigneurs de la cour. Elle est considérée comme la première maîtresse royale officiellement reconnue d’un roi de France.
Les descendants d’Agnès Sorel ont eu un impact significatif sur l’histoire de l’Europe.

Cet arbre généalogique est un extrait, tiré à part de l'ouvrage "Agnès Sorel, dame de Coeur et de Beauté". PBCO Editions.

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Agnès Sorel, Jacqueline de Bueil, Marie Touchet et Henriette d'Entragues

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Ascendance de Louis XV

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Agnès Sorel a-t-elle été empoisonnée ?

Aussitôt après la mort d’Agnès Sorel, des soupçons d’empoisonnement se portent sur le Dauphin (futur Louis XI).
Mais c’est Jacques Cœur, le très riche et très puissant argentier du royaume, qui est inculpé d’assassinat et est jeté en prison, subi la torture etc…
En 2004, des chercheurs analysent les ossements de la Dame de Beauté à l’occasion de leur transfert à la collégiale saint Ours de Loches, en Indre-et-Loire.
Ils trouvent dans les poils et les cheveux de la défunte des concentrations de mercure excessivement élevées.
Mais cette intoxication aurait pu être accidentelle : suivant l’avis de ses médecins, Agnès prenait en effet des sels de mercure pour lutter contre une ascaridiose, une maladie parasitaire occasionnant des douleurs à l’abdomen.
Accident ou empoisonnement délibéré : le mystère reste entier.

Le mercure :
Il y a environ quatre mille ans, les Egyptiens de l’Antiquité utilisaient déjà le mercure pour éliminer les insectes nuisibles et fabriquer du rouge à lèvre.
Au XVe siècle, cet élément minéral était très employé contre la syphilis.
Le traitement était efficace mais il s’accompagnait d’effets secondaires douloureux.
Jusque dans les années 1970, le mercure était aussi employé comme laxatif.
S’il a été utilisé comme remède, le mercure peut, à l’inverse, se révéler extrêmement nocif.
Surtout lorsqu’il est à l’état gazeux (sous la forme liquide, il est peu toxique car son absorption par l’intestin est faible).
Totalement inodore, les vapeurs pénètrent dans les poumons puis atteignent le cerveau où elles provoquent d’importantes lésions.
Une exposition aigüe peut conduire à la mort en quelques jours.
Nombre d’alchimistes d’autrefois ont certainement été intoxiqués de façon chronique par le mercure qu’ils manipulaient dans leurs laboratoires.

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