Un jour, un mot, une histoire médiévale

Le mot « champion » au Moyen Âge

Le mot « champion » fait partie de ces mots apparus à l’époque médiévale, et que nous utilisons toujours !
Son origine se trouve dans le mot latin « campus » qui désigne le champ de bataille.
Mais qui est le champion au Moyen Âge ?
A l’époque médiévale le champion est un homme d’armes qui se bat sur un terrain fermé.
La miniature en illustration de ce post en donne une bonne représentation.
A quelles occasions pouvait-on voir des champions ?
Ces hommes de grande renommée pouvaient être admirés et acclamés lors de tournois, de joutes.
Ils faisaient preuve d’un grand sens de l’honneur et combattaient pour une cause : la leur ou celle d’un autre seigneur.
Mais, c’est surtout leur aptitude à relever tous les défis pour une gente dame qui a perduré dans l’imaginaire collectif.
Les aventures du roi Arthur et des autres chevaliers de la Table Ronde en témoignent bien !
Au fil des siècles, le mot « champion » est devenu un synonyme de « vainqueur », et même plus largement d’expert dans son domaine.

La Ferronière, bijou de la Renaissance.

Une ferronière ou ferronnière est une chaîne ou un bandeau ceignant la tête d'une femme et laissant apparaître un bijou (camée ou pierre précieuse) sur le front.
Portée originellement dans l'Italie de la fin du XVe siècle, elle a été rebaptisée ferronnière lors de sa renaissance dans le deuxième quart du XIXe siècle pour les tenues de jour et (plus fréquemment) de soirée.

ÉTYMOLOGIE

Le terme ferronnière pour décrire ces bandeaux a probablement été inventé au début du XIXe siècle.
Le Merriam-Webster date la première utilisation du terme à 18311, et l'Oxford English Dictionary note que la première utilisation du terme se trouve dans une publication du milieu du XIXe siècle intitulée World of Fashion estime quant à lui sa première apparition à 1832 dans le Journal des femmes.
On dit souvent que la ferronnière doit son nom à un portrait des années 1490 attribué à l'école de Léonard de Vinci, La Belle Ferronnière, où le modèle porte un tel ornement. Cependant, le titre de ce tableau a été attribué au XVIIIe siècle, bien après qu'il a été peint, en supposant à tort qu'il représentait Madame Le Féron, une maîtresse réputée de François 1er ou une autre maîtresse qui aurait été la femme d'un marchand de fer.
Dans son catalogue, le Louvre suggère que La belle ferronnière était appelée ainsi en raison de son ornement frontal, une théorie soutenue par d'autres spécialistes, mais d'autres sources concluent que l'ornement a été nommé d'après le tableau, car l'application spécifique du terme n'existait apparemment pas avant le XIXe siècle.

LA RENAISSANCE : L'ÂGE D'OR DE LA PERLE

Pour les historiens, la Renaissance est appelée « l’âge d’or de la perle » parce que ces trésors arrivaient par bateaux entiers, notamment grâce aux conquistadors, sur les marchés d’Europe pour servir d’atours aux monarques et aux nobles.
Toute cérémonie laïque se retrouve transformée en un défilé de bijoux de perles.
Les colliers de perles sont présents dans le portrait de presque toutes les femmes de l’époque.
Jusque-là rare, une perle devient plus abordable.
Dès le XVème siècle conquistadors ont conquis les Aztèques, pillé les temples les plus riches, et ramené en Europe environ deux mille kilos de perles.
Le marché se développe à une vitesse extraordinaire.
Les perles sont devenues disponibles non seulement pour la haute noblesse, mais aussi pour les couches sociales aisées de manière plus larges.
Nul portrait de cette époque n’est sans bijoux de luxe de perles rares du Nouveau Monde, mais, également, des populaires perles d’eau douce.
À la Renaissance, Catherine de Médicis (1519-1589), Marie de Médicis (1573-1642) et Elisabeth Ière d’Angleterre (1533-1603) furent les plus grands amateurs de leur temps.
Catherine de Médicis tenait de sa famille un goût sans défaillance pour les objets d’art, les pierreries…
Une partie de sa dot fut constituée de bijoux et de perles.
Son tuteur le pape Clément VII lui offrit en cadeau de mariage 6 somptueux sautoirs et 25 perles poires.
Catherine les adorait et les portait constamment.
Marie de Médicis lors de la fête du baptême de son fils Louis XIII portait une robe, ornée de trente mille perles.
Elle était experte en gemmes et bijoux et animée d’une quête perpétuelle.
Sa cassette personnelle n’avait rien à envier aux bijoux de la couronne.
En 1610, un rapport cite 5870 perles !
Les bijoux de Marie de Médicis comptaient parmi les plus beaux d’Europe.
Cependant, la plus forte passion pour les perles, fut celle, célèbre de la reine Elizabeth Ière, certains historiens qualifièrent sa passion pour les perles d’hystérique.
Elle les accumule par dizaines de milliers – dont les perles de Catherine de Médicis qu’elle avait rachetées après la mort de Marie Stuart -.
De plus sa garde-robe comportait 3000 robes brodées de perles dont l’entretien nécessitait quinze personnes.
Des portraits la montrent complètement statique sous le poids de robes qui devaient être très lourdes sans compter les accessoires et bijoux en perles.
Une telle accumulation serait une offense au bon goût de nos jours.
Ce qui est frappant, dans les portraits de l’époque, ce sont ces robes littéralement jonchées de perles, les longs colliers, de grosses perles, en plusieurs rangées, qui ornent leur cou.
A la Renaissance, ce sont des kilos de perles qui ornent une robe !
Les hommes portaient également des perles.
François Ier, Henri III, et même Henri IV, rois de France, Jacques et Charles Ier d’Angleterre en étaient couverts de la tête au pied !

"IL Y A ANGUILLE SOUS ROCHE"

Au Moyen-Âge, ces animaux pullulaient et faisaient le bonheur des gastronomes (ah, le fameux pâté d'anguilles du Moyen Âge !), il n'était pas rare, en soulevant une pierre sous l'eau, de déloger une anguille.

NOTRE EXPRESSION CORRESPOND À UNE RÉALITÉ.

L'anguille est un charognard qui vit surtout la nuit, car elle n'aime pas la lumière.
Dans la journée, elle a donc plutôt tendance à se cacher et le dessous des rochers est incontestablement une bonne adresse.
L’anguille européenne est couramment observée dans la Seine et ses canaux et, le saviez-vous, toutes les anguilles naissent au même endroit dans la mer des Sargasses, au sud de la Floride.
Aidée par les courants marins, les larves traversent l’Atlantique !!!
Ouah ouh, quel périple !
Avant d’aborder les côtes européennes, les larves se métamorphosent en civelles, anguilles transparentes de quelques centimètres de long.
Puis, devenues anguilles jaunes, elles se sédentarisent dans l’estuaire ou remontent la Seine.
Après une petite dizaine d’années de croissance, l’anguille jaune se métamorphose en anguille argentée.
Elle arrête de manger et redescend alors la Seine pour retourner en mer des Sargasses et se reproduire.

ET D'OÙ VIENT LE SENS DE : LA TROMPERIE CACHEE ?

Le sens de tromperie cachée viendrait d'un jeu de mots où le mot "anguille" évoque l'ancien verbe 'guiller' qui avait le sens d'"éviter le combat, se faufiler", (un peu comme l'anguille qui tente de s'échapper lorsque quelqu'un cherche à l'attraper) et signifiait aussi 'tromper' ; le prénom "Guillaume" est d'ailleurs dérivé de cet ancien verbe.
"There is a snake in the garden"! (comme diraient nos amis anglais) Enfin, l'anguille était souvent assimilée à un serpent, Voilà donc suffisamment d'ingrédients pour que notre pauvre anguille qui ne demandait rien à personne devienne ainsi le symbole de la perfidie, la tromperie, la fourberie.

Ci-dessous, recette issue du livre La cuisine à la Cour du Roi René (Editions Equinoxe) : les poissons à la Cour du Roi René.

Timbale de carpes et d'anguilles

Faites un hachis d'anguilles et de carpes, la carpe doit avoir trempé une semaine dans l'eau claire pour enlever l'odeur de vase.
Sel, poivre, muscade.
Frottez les parois d'une petite marmite à couvercle avec du beurre, mettez une couche de chair de poissons hachée, disposez dessus un hachis de truffes, morilles, foies de brochet, langues de carpe, maniés au beurre.
Encore une couche de poisson.
Fermez la marmite, faites cuire au four, servez arrosé de jus de citron et de pistaches hachées.



La cuisine à la cour du roi René

ROT D'ANGUILLE MARINÉE, SAUCE AU BEURRE VERT

Dépouillez une anguille, coupez-la en morceaux.
Faites-la dorer deux minutes dans une casserole avec un morceau de beurre, puis mettez les morceaux dans un plat creux avec sel, poivre, muscade, persil et fines herbes, champignons, une échalote, le tout haché.
Versez dessus une cuillère d'huile douce.
Quand le poisson aura mariné deux à trois heures, panez-le avec de la mie de pain râpée et faites-le griller.
Faites revenir les éléments de la marinade, mettez-les au fond du plat de service, posez les morceaux d'anguilles dessus et servez avec une sauce au beurre vert.

COMMENT PRÉFÉREZ-VOUS MOURIR ?

La question de François 1er à son bouffon Triboulet
Nicolas Ferrial ou Le Férial alias Triboulet (1479-1536) fut le bouffon (nain) de la cour de France sous les règnes de Louis XII et François Ier.
Triboulet appelle le roi de France "Mon Cousin" sans justification aucune.
Ayant outrepassé un ordre de François Ier qui lui interdisait de se moquer des courtisanes de la cour ou de la Reine, le Roi le condamne à mort.
Cependant, parce qu'il l'a bien servi durant sa vie, le Roi lui accorde le privilège de choisir la manière dont il va mourir.
Plein d'esprit, Triboulet répond ceci : « Bon sire, par sainte Nitouche et saint Pansard, patrons de la folie, je demande à mourir de vieillesse. »
Le Roi, forcé de rire face à la vivacité d'esprit de son bouffon, commua la peine de mort en bannissement.

Le mot « sirop » au Moyen Âge

Hiver comme été, nous sommes nombreux à avoir recours à un sirop lorsque nous sommes malades.
Mais saviez-vous que le mot « sirop » remonte à l’époque médiévale ?
Les premières mentions de ce mot dateraient du Moyen Âge central.
Il est d’abord apparu sous la forme arabe « charâb » qui sert à désigner une boisson aux fruits.
Découverte en Orient, elle est rapportée en Europe au retour des croisades.
Le mot évolue et devient « sirop ».
Ce terme désigne à l’époque médiévale une liqueur de fruits, ceux-ci étant cuits pour en assurer la conservation.
Le mot « sirop » désigne aussi une potion ou un remède.
Aujourd’hui les deux sens coexistent toujours dans la langue française : le sirop peut désigner un médicament sous la forme d’un liquide un peu épais et sucré, ou une préparation de fruits concentrée et sucrée qui peut se boire dilué avec de l’eau, notamment en été.